Revisionnage (dix ans après).
Nous sommes en 1994 et ça y est, trois ans seulement après son Ultime Retour… Jason Voorhees est de retour. La franchise ayant pleinement embrassé le fantastique depuis le sixième opus, on ne s’embêtera d’ailleurs désormais même plus à expliquer la résurrection du tueur au masque de hockey. Là où les trois épisodes précédents se donnaient systématiquement la peine de justifier sa (commode) résurrection, celui-ci s’ouvre d’office avec un Jason frais et pimpant (et ce sera le cas aussi des opus suivants). Comment ? pourquoi ? Qu’importe : Jason est vivant, et puis c’est tout.
Plus fort encore : Jason n’est désormais plus un simple boogeyman increvable, mais carrément un cœur monstrueux capable de posséder d’autres corps (!) et même de réincarner son corps original s’il arrive à posséder l’un des membres de sa famille (!). Parce qu’il a désormais une famille, oui : on y apprend qu’il avait en fait une sœur, et que celle-ci est aujourd’hui grand-mère. Et pour ne rien compliquer, Jason ne peut en fait plus être tué que par un membre de sa famille… Bref, le réalisateur du film originel Sean S. Cunningham – qui vient de récupérer les droits de la franchise et de la relancer avec ce film – a décidé pour fêter ça de la plonger dans le grand n’importe quoi avec ces histoires de possession et de soudaine malédiction familiale complètement merdique. Mais après tout, pourquoi pas… La franchise n’en est plus à ça près.
Sauf que concrètement, le résultat est tout sauf réussi. Possessions successives d’autres personnages obligent, Jason n’est finalement que très peu présent physiquement (dommage, son aspect était plutôt réussi, avec son masque à moitié enfoncé dans son visage), laissant la place à ses multiples corps possédés. Sauf que du coup, sans le colosse Jason et son masque de hockey, bah un Vendredi 13 ça ne présente plus un très grand intérêt. Le film ne compense jamais l’absence physique de son antagoniste vedette par une exploitation intéressante du concept de possessions ; on sait toujours qui est le possédé, le film ne joue jamais là-dessus et se contente de dérouler platement les victimes et les transferts de possession, sans jamais proposer une idée un peu marrante. On se retrouve donc devant un spectacle plus mauvais qu’autre chose (malgré deux trois scènes bien dégueus – donc plaisantes) et hélas jamais à la hauteur de la connerie de son pitch.
Il aurait été con que la franchise s’achève dessus, et tant mieux : ce Final Friday ne le sera de toute façon pas : Sean S. Cunningham lui-même relancera la franchise neuf ans plus tard, avec un dixième épisode : Jason X. Et où envoyer Jason Voorhees, après New York puis l’Enfer ? Quelle destination encore plus perchée pour garantir la promesse de dépaysement ? Allez, dites-le…