La singularité foncière du blockbuster d'action indien s'impose à nouveau avec force et fracas après le phénomène RRR, tant Jawan déplace les curseurs traditionnels du spectacle et de l'appréciation critique vers des frontières sans cesse repoussées. Elle prend racine dans une façon d'investir le kitsch comme une notion totalement dépourvue de toute connotation négative ou déraisonnable. Avec une décomplexion et un jusqu'au boutisme ravageurs, Jawan dépasse constamment ce concept et finit par l'imposer comme une évidence naturelle, un rapport originel perdu au médium cinématographique. Le film d'Atlee semble abandonner toute volonté d'inscription dans le réel malgré un fond politique bien actuel - à l'inverse d'une industrie hollywoodienne qui a littéralement perdu ses couleurs - pour revenir à l'émerveillement sans œillères qui caractérisait le cinéma des premiers temps, tendance Meliès davantage que Frères Lumière. Une claque monumentale qui rappelle qu'un film est aussi moyen de pure évasion, ce que beaucoup ont tendance à oublier.