Sorti en 1945, « Je sais ou Je vais » est un film britannique de Michael Powell et Emeric Pressburger, deux cinéastes qui ont marqué de leur empreinte l’histoire du septième art avec des œuvres comme « Les Chaussons rouges » ou « Le Narcisse noir ».
L’intrigue du film part tout simplement d’une idée de mettre en avant ce que Powell remarque chez les jeunes femmes à l’époque : leurs ambitions, celles auxquelles elles croient et rêves. Jusqu’au jour où, elles décident, pourtant si près du but, de ne plus désirer la même chose.
Le personnage de Joan Webster dépeint cette perception, elle est incarnée par la comédienne Wendy Hiller, qui s’était vu refuser un rôle à peine deux ans plus tôt, dans un autre film de Powell et Pressburger « Colonel Blimp », au profit de Deborah Kerr. Chose amusante, quand on sait que Powell refusa de donner cette fois-ci le rôle à Kerr, qui, au moment de construire son casting, n’était autre que sa compagne.
Pour le personnage masculin du film, Toquil McNeil, c’est Roger Livesey qui obtint le rôle, après s’être démené à tour de force pour l’obtenir. En effet, Roger Livesey qui avait incarné le Colonel Blimp, n’a pas les faveurs de Powell cette fois-ci, puisqu’il semble trop âgé pour le rôle. Mais, le comédien, ne dira pas son dernier mot si facilement, il perd jusqu’à 10 kilos et se teint les cheveux en blond, pour paraître plus jeune et obtenir les égards du cinéaste.
Cette métaphore aborde avec un style romanesque, un mélodrame riche et puissant qui évolue dans des décors impressionnants. On est stupéfait par la qualité des effets spéciaux de l’époque, la mer semble filmer de manière très périlleuse, et les images du tourbillon marin, des vagues, du vent et des torrents se révèlent spectaculaire.
Les épreuves que rencontre l’héroïne pour atteindre son but, ici représenter par une île, forgent comme pour la sensibiliser à ses choix, une aventure très mouvementée.
L’œuvre de Powell et Pressburger, étale toute la richesse d’un savoir-faire technique, usant de moyens très efficaces, qui rendent l’intrigue palpitante. La mer est brillamment mise en avant, on la découvre calme, puis agitée par la tempête, et les images fortes permettent de multiplier les péripéties et les sensations.
Les deux comparses produisent ici, une œuvre passionnante, qui n’oublie pas de tordre le coup au matérialisme. Ils valorisent la nature sauvage de l’Écosse, ses habitants d’antan, par une photographie qui capte à merveille, le vent, la pluie et les couchés de soleil. Avec le bon sens du cinéma romanesque de l’époque, ils couchent sur la pellicule une aventure sociale fantastique, pleine de bons sentiments.
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