Une souris dans un jeu de quilles

Je n’étais pas très confiant en commençant le visionnage de ce court-métrage, mais qui ne tente rien n’a rien, il y avait assurément matière à revisite dans la légende de la petite souris…

Première chose particulièrement gênante: la confrontation entre le cadre réaliste et l’apparition surnaturelle – la fameuse "petite souris", en fait une fée à taille humaine – ne fonctionne absolument pas. Tout d’abord, l’apparition de la fée vers le milieu du film n’est pas crédible tant elle est clichée: lumière mirifique émanant du coffre à jouets, effets sonores bateau, et la fée qui sort tant bien que mal dudit coffre: pas la moindre revisite à l’horizon pour le moment, la petite souris est simplement remplacée par un personnage à l’apparence humaine. L’échange de la pièce et de la dent est carrément épique: non contente de s’agiter dans une mise en scène ridicule, la fée est affublée d’effets spéciaux absolument pas croyables (CES AILES DE PAPILLON, PUNAISE!). D’une manière générale, le rendu visuel est sans personnalité, voire très laid par endroits (contemplez donc les premières secondes, à s'arracher les yeux...).

L’œuvre, derrière ce vernis fantastico-cheap, a une vocation humoristique. Les réactions et frustrations du jeune garçon face au mythe ne sont pas très recherchées mais pas déplaisantes non plus, le jeune acteur qui l’incarne a le bon goût de ne pas surjouer. On peut aisément s’y raccrocher pour tenir jusqu’au bout du film. Non, le second vrai problème de cette œuvre est le personnage de la mère, désemparée, impuissante face aux interventions surnaturelles. Ce rôle a du potentiel, mais est malheureusement très mal exploité. Ce personnage est rendu tout bonnement insupportable par un comique d’exagération (ces mimiques, et ce bruit qu’elle fait quand elle ronfle! simulation power) et des répliques touchant le fond de l’indigence… Sans parler de la fée employant un langage familier, plus crispant qu’autre chose. L’accoutrement hybride de la fée fait également partie des ressorts comiques… mieux vaut s’arrêter là.

L’ultime scène est le meilleur moment du film. On y trouve enfin une bonne idée du réalisateur, enfin une amorce de revisite (je vous laisse découvrir)! Mais cette scène est hélas trop courte (quinze pauvres secondes… pourquoi donc ne pas l’avoir exploitée davantage?), percluse de fautes de goût (les habits de la fée, putain…) et intervient de tout façon trop tard pour sauver le film du naufrage total. Dommage.