Critique sur « Je suis le peuple »
« Je suis le peuple » est un film documentaire d’Anna ROUSSILLON, sortie le 13 janvier 2016. Anna ROUSSILLON est née à Beyrouth en 1980. Elle passe son enfance en Egypte mais poursuit ses études supérieures à Paris. Elle enseigne l’arabe à Sciences-Po Lyon, traduit des textes littéraires, tout en travaillant sur divers projets cinématographiques liés à l’Egypte. « Je suis le peuple » est son premier long métrage documentaire.
En plein milieu de la révolution égyptienne, nous rencontrons Farraj à 700 kilomètres de la place Tahrir, au village de la Jezira où rien ne semble bouger. C’est par la télévision que Farraj va suivre les bouleversements qui secouent son pays.
Le titre du film vient d’une chanson lyrique et amène à se poser des questions de « Je » de « Je suis le peuple ». On aborde dans ce film la révolution égyptienne de 2011 et les élections qui s’en suit, il explore aussi la pauvreté d’un pays en crise et de personnes vivant dans la campagne et comment ils survivent. Il y a dans le film une volonté de faire « contre-champ » des événements ayant lieu à Caire mais aussi de varier les points de vue. La réalisatrice choisit de suivre la révolution grâce à sa rencontre Farraj, voir comment on vit un événement lorsqu’on habite loin. La réalisatrice participe dans son documentaire au dialogue car elle ne veut pas s’effacer, elle est à la fois confidente et interlocutrice. Elle veut aussi montrer une double temporalité entre la vie à la campagne et la vie politique.
Le choix de montré la révolution à travers seulement un poste de télévision est un choix osé mais qui marche, car au lieu de nous montrer les habituels manifestations violentes on nous montre un point de vue extérieur à tout ça qui nous permet de mieux comprendre les protagonistes et leurs décisions et donc de prendre du recul sur ce que se passe. Le film est une plutôt bonne surprise et nous surprend par les choix qu’elle entreprend. Un moment, entre une discussion de Farraj et Anna, on apprend qu’il a changé d’avis et à peur de ce que peut donner le mandat de Morsi, c’est une scène qui est forte et plein de sous-entendus.