Je suis un monstre froid, je suis l’État français

De bonnes intentions, mais un résultat décevant. Sur le sujet, Aissa, le court-métrage de Clément Tréhin-Lalanne est beaucoup plus fort. J’ai compris assez vite ce qui se passe ici, mais ce n’est sans doute pas évident pour tout le monde, avant qu’on nous apporte une petite explication à la fin, de façon peu originale. Il y a trop d’implicite dans ce film, peu de gens connaissent la situation de ces mineurs non accompagnés, comme on les appelle… Ce sont des jeunes étrangers qui vivent seuls. Avant 18 ans, l’État les prend en charge, d’où le fait que le jeune du film réside à l’hôtel. Mais après 18 ans, ils sont expulsables. Comme il est souvent difficile de déterminer leur âge, on procède à des examens osseux, mais ceux-ci sont controversés, du fait d’une importante marge d’erreur. La question doit d’ailleurs être examinée par le conseil constitutionnel à qui on a soumis une QPC. En tout cas ce film, comme Aissa, critiquent ces examens et surtout ce qui découle de la découverte de la majorité de ces jeunes : la France, qui protège les mineurs, s’assure ensuite de les expulser, sans la moindre humanité. Du jour au lendemain, ces jeunes ne bénéficient plus d’aucune protection et vivent dans une grand précarité, tous les jours avec une épée de Damoclès sur la tête.


Le film aborde donc la question, mais sans vraiment l’expliciter, un peu comme s’il destinait son film à des militants ou des personnes déjà conscientes du problème. C’est un film humaniste mais qui échoue dans son traitement qui n’est pas assez centré sur un aspect de la question. Il est appréciable de voir une Française qui fait des cours d’alphabétisation dans la rue, ces militants sont remarquables et ils doivent être mis en avant, mais le film s’éloigne un peu du sujet, même s’il s’agit peut-être d’équilibrer le film et de donner un espoir : si l’État français est parfois un monstre de froideurs, certaines personnes s’engagent au quotidien pour tenter d’aider ces personnes en difficulté. A la décharge du réalisateur, il est très difficile d’aborder cette question complexe et pourtant très importante en disposant d’aussi peu de temps.

socrate
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le 10 mars 2019

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