Bonjour, je m'appelle Milou et je suis Footbalique.
Riton Liebman, derrière et devant la caméra, réalise, avec Je suis supporter du Standard, un premier film comique, détaché, parfois absurde et parfois tendre, bref, du divertissement pur et simple. Balayant assez rapidement le milieu des supporters et du football, le comédien-cinéaste a eu la bonne idée de s'attarder davantage sur la personnalité de son héros, Milou et sur ce que l'on peut appeler une véritable addiction au ballon rond.
Milou est un fan incommensurable du Standard de Liège dont il vénère chaque match, chaque joueur et, avant tout, les couleurs. Sa vie est en rouge et blanc, des vêtements, aux murs, en passant par ses amis... tous supporters. Seulement, lorsqu'il rencontre Martine (Léa Drucker), speaker radio, dont il devient le moniteur auto-école et dont il s’éprend rapidement, il réalise que son addiction tire le frein à main sur ses envies de romance : Martine déteste radicalement ça, le football.
Milou s'enfonce alors dans le mensonge, cachant sa passion à la belle jusqu'à la découverte du pot aux roses. Milou-Marcel se retrouve alors seul avec ses maillots et entreprend de suivre une cure de désintox au Standard et au « footballisme » pour reconquérir le cœur perdu.
Le film s'ouvre d'emblée sur une séquence de match avec bande de potes, bières, frites et chants à pleins poumons. La couleur est annoncée. Clins d'œil et clichés footballistiques sont de mise, à l'excès parfois, sans pour autant aller jusqu'à la moquerie ou le dénigrement des supporters, présentés ici comme des passionnés, ados un peu attardés. Lorsque Milou se retrouve, par mégarde, à une réunion d'alcooliques anonymes et se met à appliquer le procédé de cure à sa propre drogue, on s'amuse du parallèle que le réalisateur établit avec les « drogués conventionnels » : Milou craque et se réfugie dans les toilettes tel un cocaïnomane digne de Trainspotting pour lire des revues sportives et embrasser des autocollants Panini à l’effigie des joueurs de son équipe, ou encore se procure une plante verte et un poisson rouge pour s'investir dans la survie de ces êtres, selon les bons conseils de son coach de cure, Lakdar, incarné par Samir Guesmi.
Au-delà de l'addiction, le film parle aussi de la transmission ou le rejet des passions lorsqu’elles parviennent à supplanter l'affection parentale. Dans le discours sur son père, révolté anticonformiste qui lui a communiqué sa haine du modèle social bien-pensant, ceux qui ont côtoyé Marcel Liebman ne pourront qu'être touché. Le parallèle est évident entre Martine et son père (interprété par Guy Staumont, bien connu par le milieu nocturne bruxellois et ses clients adeptes de la banane rockabilly), happé, lui aussi corps et âme par sa passion.
Sans chercher les effets inutiles, la mise en scène est au service du jeu de Riton Liebman, qui convainc plus dans les scènes de comédie que dans les moments plus dramatiques. Je suis un supporter du Standard est un premier film réussi, à voir en famille, fan de football ou non, le seul prérequis nécessaire étant le sens de l'humour dans une poche et le second degré dans l'autre.
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