Je suis un combat
5.5
Je suis un combat

film de Tokou (2018)

Une claque, un travail magistral sur le plan esthétique, une ambiance sonore pertinente, lancinante, et qui relie le présent à une histoire. D’entrée de jeu, l’esthétique du noir et blanc et les chants montrent qu’on est devant un film léché, rien n’est laissé au hasard. C’est juste somptueux, l’utilisation du ralenti et des accélérés servant pertinemment le récit.


Ce film nous propose surtout un point de vue très fort, un point de vue que tout le monde ne partagera pas mais auquel j’adhère globalement ici. Il s’agit de dénoncer les violences policières, ici l’interpellation violente d’un jeune qui ne faisait que marcher sur une passerelle. Le jeune en question, au sol, se rappelle d’Adama Traoré, mort en 2016 dans des conditions suspectes, mais aussi de Bouna et Zyed, électrocutés en 2005 dans un poste électrique où ils s’étaient réfugiés pour échapper à la police. Il s’agit pour Tokou de replacer ces drames dans une histoire, celle des violences policières en France et, de façon plus générale, du fait de la musique, de nous parler d’une histoire des Noirs en tant que dominés, avec une vision un peu caricaturale remontant probablement aux violences faites aux esclaves noirs.


Honnêtement, je ne suis pas sûr de partager la totalité de ce que pourrait penser l’auteure, s’il y a des nombreuses difficultés entre les « jeunes » et la police, s’il y a du racisme dans le milieu de la police et de réelles violences commises de la part d’un certain nombre de policiers, il faut aussi reconnaître que le métier est très difficile, et que les « jeunes » ne sont pas toujours des anges. La question est complexe, je ne vais pas en discuter ici, mais ce film est relativement mesuré dans sa dénonciation de faits qui existent, c’est incontestable. Pour éviter la caricature et nuancer le propos, les policiers sont noirs, par exemple, ce n’est pas rien. Il ne s’agit pas d’un affrontement de « couleurs », mais de mettre en avant la question des valeurs et du comportement de la police à l’égard d’une partie de la population.


Au-delà de la question de la violence, le film montre aussi de beaux moments de partage entre amis, entre « jeunes », qui partagent paisiblement une pizza ou des joints. Voilà, on ne peut parler de tout en deux minutes, mais le film de Tokou, engagé, adopte un point de vue intéressant et rarement mis en avant de façon nuancée.


On peut ne pas être d’accord, mais c’est un magnifique point de vue que nous offre Tokou dans un film de toute beauté. Bravo à elle.

socrate
10
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Courts courus, Tous courts ! et Nikon Film Festival 9ème édition

Créée

le 10 mars 2019

Critique lue 172 fois

3 j'aime

socrate

Écrit par

Critique lue 172 fois

3

D'autres avis sur Je suis un combat

Je suis un combat
Fatpooper
3

Partage plutôt ta femme

Ambitieux dis donc ! J'ai vu le film. J'ai pas trop compris quel était le sujet. Puis j'ai lu le pitch et je me suis dit : ha oui carrément. On comprend pas tout ça. Ou alors on comprend mais on a du...

le 12 févr. 2019

1 j'aime

Du même critique

Ma liberté de penser
socrate
1

Ma liberté de tancer

Cette chanson est honteuse, un vrai scandale : il est absolument inadmissible et indécent de tenir de tels propos quand on gagne plusieurs millions d'euros par an, alors que des tas de gens galèrent...

le 12 avr. 2012

171 j'aime

76

La Ligne rouge
socrate
4

T’es rance, Malick ?

La ligne rouge, je trouve justement que Malick la franchit un peu trop souvent dans ce film, malgré d’incontestables qualités, que j’évoquerai tout d’abord. La mise en scène est formidable, la photo...

le 21 sept. 2013

136 j'aime

78

Ernest et Célestine
socrate
9

A dévorer à pleines dents !

Pour tout dire, je ne savais rien de ce film avant d’aller le voir, je craignais une histoire un peu gnangnan pour bambin à peine sorti du babillage. Bref, j’y allais surtout pour accompagner la...

le 10 janv. 2013

133 j'aime

22