La folie des glandeurs
La culture a du bon : elle permet l’exploration de mœurs nouvelles, le voyage vers des contrées lointaines et la construction de cette sagesse qu’on nomme le relativisme. De la Corée, le cinéma...
le 31 juil. 2016
25 j'aime
6
Pour apprécier le film, il faut oublier la personnalité charismatique de Park Chan-Wook, ses films précédents, et de manière générale ce qui fait le cinéma aujourd’hui. La clé de cette œuvre profondément décalée est de se laisser surprendre. Surprendre par une charte graphique et visuelle foisonnante et irréelle, par un discours résolument anti conformiste et délirant, par une histoire d’amour ô combien attendrissante et délicieuse.
Park Chan-Wook vous embarque dans une dimension à des années lumières de ce que l’on connaît, son film est un beau poème surréaliste dédié à la vie, plus exactement à ce qui fait son sens. Le lieu clos qu’est l’hôpital psychiatrique est le théâtre où se joue la représentation de nos peurs, de nos questionnements, de notre place dans une société qui se veut aseptisée, homogénéisée dont la différence est rejetée.
La jeune Cha Young Goon est emblématique à ce sujet, elle confronte sa personnalité à des règles édictées par une voix (la raison sociétale) qui lui interdit entre l’attendrissement, l’imaginaire, la compassion, elle se doit d’être cruelle et sans état d’âme. Elle est interprétée par Lim Shoo-Yung, saisissante de réalisme. Sa rencontre avec Park II Soon (joué par l’étonnant Jung Ji-Hoon/Rain) cleptomane de la vie va bouleverser ses croyances. Ensemble ils mettent au point une lutte organisée qui les amènera à la délivrance, qui n’est autre que l’amour. Tout tient du fabuleux au sens propre (car la fable est géniale) comme au figuré.
La mise en scène explose en délires en tous genres. Forcément burlesque au début (la meilleure partie), plus profonde par la suite. L’inspiration intentionnelle de Chan-Wook se trouve du côté de Burton avec un univers acidulé à la Pee Wee, un somptueux générique à la « Charlie et la chocolaterie » une sublime musique qui suggère Elfman. On peut y retrouver aussi une atmosphère à la « Vol au dessus d’un nid de coucou » de Milos Forman dans ce qu’elle avait de abyssale dans la démonstration des comportements, plus étonnant on pense souvent au « Roi de Cœur » de Philippe de Broca, dont le sujet est assez similaire. Mais le réalisateur reste bien ancré dans la réalité, et c’est dans ce sens qu’il réussit son film. L’apogée étant l’arrêt sur image, au détour d’une scène, où il nous colle sur un rebond de balle de ping pong « Peace in Koréa » qui frappe l’œil.
« Je suis un cyborg » est une œuvre à part, foncièrement novatrice et créative, un objet d’art qui vous interroge et nous replace amèrement face à notre propre condition d’homme. Déraisonnable, éblouissante, géniale et forcément captivante.
Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Tout sur le Festival du film fantastique de Sitges, Les meilleurs films primés au festival international du film de Berlin (Berlinal) et Les meilleurs films de 2007
Créée
le 24 sept. 2014
Critique lue 347 fois
7 j'aime
D'autres avis sur Je suis un cyborg
La culture a du bon : elle permet l’exploration de mœurs nouvelles, le voyage vers des contrées lointaines et la construction de cette sagesse qu’on nomme le relativisme. De la Corée, le cinéma...
le 31 juil. 2016
25 j'aime
6
Premièrement, prenez Park Chan-wook, réalisateur qui a signé l'excellente trilogie de la vengeance. Deuxièmement, prenez Lim Soo-Jung et Jung Ji-Hoon, deux jeunes acteurs méconnus par chez nous et...
Par
le 1 août 2013
22 j'aime
Un film sublime et magique, Park Chan-Wook réussit magistralement un dérapage contrôlé absurde et surréaliste. Profondément tendre, ce film se démarque complètement de la trilogie Vengeance, bien...
Par
le 2 févr. 2011
22 j'aime
4
Du même critique
Ce n'est pas sans un certain plaisir que l'on retrouve le juge d'instruction Anne Gruwez qui a déjà fait l'objet d'un reportage pour l'émission Strip-tease en 2011. Sept ans après, ce juge totalement...
le 12 févr. 2018
59 j'aime
7
Qu’il est difficile d’appréhender un avis sur une œuvre dont la fiction se mêle aux souvenirs de mon propre vécu, où une situation, quelques mots ou bien encore des personnages semblent tout droit...
le 24 août 2017
56 j'aime
10
Indiscutablement « Tale of tales » sera le film le plus controversé de l’année 2015, accueil mitigé a Cannes, critique divisée et premiers ressentis de spectateurs contrastés. Me moquant éperdument...
le 3 juil. 2015
48 j'aime
11