01/04/2020
Il faut que quelqu’un l’annonce, Didier Raoult est un canular, une légende, oui, vous avez bien lu ! Il a été inventé de toute pièce, et je vous indiquerai à la fin de ce texte le nom de la personne qui l’incarne au quotidien.
Je vais vous démontrer ici l’ampleur du canular, car en dépit des apparences, la tromperie fonctionne encore… Il serait même devenu un personnage très populaire comme l’a indiqué un récent sondage.
Quelques indices auraient dû vous mettre la puce à l’oreille au sujet du « Gérard Depardieu de la science ».
Déjà, son look très particulier, le rapprochant d’un biker, d’un Gandalf voire d’un Jésus ! Quasiment un messie, qui apporte la solution sur un plateau. Avec un ego surdimensionné, visible par exemple dans son bureau avec un portrait de lui mais surtout par la présence de Poséidon, rien de moins, avec son trident !
Vous avez déjà vu un grand professeur de médecine avec cette gueule là ?
Un génie présenté comme un héros mais dont on annonce dans la biographie rédigée à l’occasion du canular qu’il aurait été climato-sceptique et qu’il aurait même, le 21 janvier, minoré la crise épidémique en Chine : « Il y a trois Chinois qui meurent et ça fait une alerte mondiale, l’OMS s’en mêle, on en parle à la télévision et à la radio. Tout cela est fou, il n’y a plus aucune lucidité »… La bonne blague !
Un « génie » qui totalise pas moins de « 3062 articles de recherche publiés dans la littérature scientifique » selon la base de données Scopus (Le Monde, 26 mars 2020) : « un chiffre phénoménal : une grande part des chercheurs publient au cours de leur carrière moins d’articles que le professeur marseillais en quelques mois (plus de trente depuis le début de l’année) » ! D’accord, il publie dans des revues gérées par ses collaborateurs, mais quand même, à se demander quand il trouve le temps pour chercher ! Et c’est même pas vraiment un Marseillais si on lit sa fiche biographique…
Mais pourquoi une telle blague ? Parce que le gouvernement avait besoin de détourner l’attention sur sa responsabilité et son manque de réactivité dans la crise qui secoue le pays : masquer le retard dans la prise des décisions indispensables : maintien du premier tour des élections en dépit de consignes limitant les rassemblements, mensonges sur l’inutilité des masques, responsabilité d’une politique libérale menée par Macron et Philippe depuis leur arrivée au pouvoir, avec un mépris ostensiblement affiché envers les mouvements de défense de l’hôpital depuis un an…
Il ne fallait pas un toubib classique, comme on en voit des dizaines sur les plateaux télé. Il fallait un personnage et une polémique qui divisent le pays, et pour cela, quoi de mieux qu’un type qui sent le soufre, un professeur Tournesol atypique, avec une gueule, et une début de solution, là où le gouvernement est confronté à sa propre incurie. Il fallait un gars qui crée le buzz, par sa gueule, par sa solution miracle, par un passé et des méthodes volontairement polémiques.
La France était en train de perdre espoir, et le voilà qu’il arrive à point nommé, même si la solution qu’il propose est plus que controversée. Même Lourdes était fermé, c’est pour dire l’importance de la survenue d’un éventuel miracle ! Voilà donc un messie que nous offrent les services secrets français, là où le Shin Bet n’a encore rien fait pour les ultra-orthodoxes israéliens qui croient que le messie arrivera avant Pâques pour les sauver…
Ce qui m’étonne, c’est que personne, ou si peu, n’ait été troublé par la ressemblance de Didier Raoult avec Patrick Sébastien, comme ou le voit par exemple ici.
Rappelons que Patrick Sébastien est coutumier des travestissements, et qu’il anima par le passé une émission culte, « le grand bluff ». Les dénégations de Patrick Sébastien sur sa vidéo youtube du 17 mars n’ont convaincu personne car personne ne pouvait imaginer une telle blague, vidéo que Sébastien conclut d’ailleurs sur sa chanson « une p’tite pipe » : il nous a vraiment pris pour des cons !
Du coup, le 23 mars, pour mieux masquer le canular qui commençait à être de plus en plus évident aux yeux de certains observateurs, Patrick Sébastien reconnut dans un tweet que vous verrez sur cette page que c’était bien lui le professeur Raoult !
Il explique notamment qu’il s’agit pour lui, au-delà de nous détendre en ce moment dramatique, de rendre hommage au personnage de Brent Spiner dans Independance day, un de ses films préférés.
L’humour est donc utilisé pour consolider la croyance en l’existence même du professeur Raoult. Cela va jusqu’à afficher dans son propre bureau une photo détournée de Raoult à la place de Will Smith dans l’affiche de Je suis une légende, même si je n‘en ai pas trouvé la preuve en ligne (info rapportée sur Le Monde, où l'on voit l'amusant photomontage).
Là où tout cela finit par être très fort, confortant toutes les théories complotistes, c’est que Raoult, initialement soutenu par LR et ses amis de droite, est également très populaire chez les gilets jaunes, comme on peut le lire dans cette analyse, et qu’après avoir été très critique envers le gouvernement, il vient de remercier Olivier Véran, comme on le voit sur ce tweet rapporté par L'Express. CQFD : on construit un opposant, très populaire, soutenu par une partie de l’opposition et une majorité de l’opinion publique, puis il se retourne et finit par soutenir le gouvernement !
Voilà, j’aurais peut-être dû attendre la fin de la crise pour dénoncer cela mais c’est trop fort. On dirait tellement que c’est un poisson d’avril…
23/08/2022 :
Plus sérieusement, je viens enfin de voir le film, sans avoir lu le roman au préalable. Un film assez vain, long quoiqu'assez court, qui n'a pas su me captiver. Je n'ai pas réussi à y croire, c'est presque trop facile, trop propre. Alors oui, les producteurs ont dû se dire : un homme seul à New York dans un monde post-apocalyptique, ça va le faire, et c'est vrai que certaines images sont sympa, mais ça ne suffit pas. Will Smith fait le taf, on comprend à travers le chien et les mannequins l'absolue nécessité de la socialisation, mais je dois dire que son histoire de recherche d'un vaccin ne m'a pas du tout intéressé. La rencontre peu crédible avec deux survivants qui arrivent juste au bon moment et les discours mystiques assez crétins jusqu'au sacrifice christique et l'espoir final ne mont pas fait triper. Pas plus que les images numériques et ces victimes mi-vampires mi-zombies. Un film qui fait pschittt, pour moi.