L'année dernière avec Catrine.
1968. Alors qu'une bonne partie des réalisateurs de la Nouvelle Vague partent au front filmer les révoltes de la jeunesse, Resnais reste dans ce qu'il sait faire de mieux : filmer des souvenirs, la mémoire, les regrets, les troubles temporels, la non-linéarité...
Il filme un homme quelconque, bien que particulièrement désabusé et sarcastique, cobaye d'une expérience scientifique qui fait revivre une personne une minute passée dans sa vie l'année dernière. C'est assez déconcertant car si la partie filmée dans le centre de recherches est absolument passionnante et envoûtante (presque tarkovskien..), les souvenirs de Claude Rich sont assez déconcertants car très banals, dénués d'intérêt à première vue, et qui se répètent plusieurs fois. Mais au fur et à mesure tout prend son sens ça devient plus que des simples souvenirs, et des réflexions arrivent : la peur de la mort, la Création, l'Amour, ses avantages, ses inconvénients, ses conséquences, la Solitude.
C'est un film triste, poétique (magnifique musique funèbre, lugubre de Penderecki), avec une gestion du temps qui diffère totalement de la nôtre, nous les spectateurs, où la science-fiction n'est qu'un prétexte à faire un pur exercice de style, qui ne ressemble alors à rien d'autre dans le genre.