A l’heure où tout le monde parle de ce Monsieur, je me sens terriblement exclu.

Je l’aime bof bof.

Ce qui m’a toujours travaillé chez Resnais, c’est la lenteur de son cinéma. Je n’ai rien contre les films lents à condition qu’ils proposent un réel travail esthétique pour s’occuper l’œil, une démarche contemplative, ou bien une histoire passionnante narrée avec la virtuosité nécessaire à l’intérêt du spectateur. Mais dans Je t’aime je t’aime, je n’ai guère trouvé beaucoup de merveillosités à contempler et Resnais s’autorise à déconstruire chronologiquement son film pour me perdre un peu plus en m’amenant même à croire que ce sont mes capacités mentales qui faillissent (il y a peut-être un peu de ça).

Le décor est planté par des dialogues aussi vivaces en éloquence qu’une tirade de l’inspecteur Derrick. Ceux-ci sont au demeurant très bien écrits et c’est probablement un des seuls liens qui retient du décrochage complet de l’œuvre, on notera même par moment quelques jolies formules énoncées avec un sursaut de vie dans l’atmosphère quelque peu morose qu’entretient le réalisateur dans son œuvre.

Je t’aime je t’aime a aussi une force dans ce qu’il raconte. Le rêve du voyage dans le temps a quelque chose de magique, mais exposé sous cet angle, il deviendrait presque réalisable. Puis la machine à voyager dans le temps a l’apparence d’un organe humain complètement différent de ce qu’on a l’habitude d’imaginer comme s’il ne s’agissait finalement que d’un lecteur de souvenirs, elle a une certaine classe.

Dans l’idée, mêler romance et science-fiction comme le fait Resnais relève du génie. Autant la romance peut facilement intervenir en créant une histoire d’amour dans un monde scientifiquement fictif. Autant on voit beaucoup plus rarement la science-fiction venant s’immiscer dans les rouages de romances on ne peut plus réalistes et cette idée me plait franchement. Au final, c’est un peu déçu que je ressors de ce film, comme de mes deux Resnais précédents, avec le sentiment d’être passé à côté de quelque chose mais également avec l’envie de continuer d’essayer.

Je t’aime je t’aime, je ne te hais point, mais imagine ô combien j’aurais pu ne pas t’aimer.
Deleuze
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le 5 mars 2014

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Deleuze

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