Ce documentaire s'attaque aux relations conflictuelles entre les critiques de cinéma et les réalisateurs.
Tourné entre 2002 et 2006, essentiellement au Festival de Cannes, on retrouve du côté des critiques des noms comme Gérard Lefort (Libé), Serge Kaganski (Les Inrocks), Michel Ciment (Positif), Todd Mc Carthy (Variety) et les réalisateurs interrogés s'appellent Wim Wenders, David Cronenberg, Manoel De Oliveira, Mika Kaurismaki, Christophe Honoré, Elia Suleiman...
Ce combat (de chiffonniers ?) est vieux comme le monde, et si le docu revient sur cette relation amour-haine, chacun défend au fond sa chapelle, certains de manière plus virulente (Ken Loach compare les cinéastes à un lampadaire sur lequel les chiens, ou critiques, pisseraient dessus), d'autres de manière plus intelligente (Abderrahmane Sissako), mais on sent les réalisateurs sensibles à la critique qu'on leur fait, et tous s'accordent au moins sur une chose ; ils respectent la critique, à moins qu'elle soit argumentée et non nominative.
Le tout petit budget du film explique que les interviews soient quasiment donnés dans un seul endroit (Cannes), mais le nombre d'intervenants est finalement trop nombreux (sur une durée de moins de 80 minutes) pour entendre de réels avis argumentés, d'un côté comme de l'autre.
Évidemment, tous louent les critiques publiées en leur temps par les Cahiers du cinéma (François Truffaut en particulier), et on a droit à un (petit) mea culpa des journalistes sur des critiques assassines qu'ils ont pu faire, comme Serge Kaganski sur Amélie Poulain.
Personnellement, je suis de l'école Positif, donc je n'ai guère connu les critiques proposées dans les Cahiers (à part le formidable bouquin de Truffaut à son sujet), mais l'art critique, m'intéresse beaucoup ; après tout, ne faisons-nous pas ça à longueur de temps sur Senscritique ?
Hitchcock disait que les gens avaient tous un deuxième métier ; celui de critique de cinéma, et il n'a pas tort.
En revenant sur le docu, je regrette que peu de critiques français aient pu être interrogés, car on a droit à des critiques espagnols, italiens, brésiliens, japonais, dont on n'a au fond que faire.
L'émission de radio Le Masque et la plume n'est pas oubliée, avec un court extrait d'un enregistrement et un petit mot de Danielle Heymann.
Le sujet m'intéresse beaucoup, je regrette seulement que les invités soient au fond trop nombreux ; ce documentaire aurait gagné à être ramassé en termes de rythme pour être encore plus intéressant.