Le déserteur temporaire

Je t’attendrai est un film fort méconnu de Leonide Moguy, réalisateur tout aussi peu célèbre. Heureusement, un de ses grands fans est Quentin Tarantino, qui n’a pas hésité une seconde à donner son nom à l’un de ses personnages dans Django Unchained (l’avocat de Calvin Candy) et à solliciter Thierry Frémaux, directeur de l’Institut Lumière, pour dégoter la peloche de ce film qui manquait à son tableau de chasse. Alors découvrir Je t’attendrai au Festival Lumière, dans sa version 35 millimètres, en compagnie de Tarantino excité comme un puce, c’est juste énorme.

Ce n’est pas hypocrite de dire que ce n’est pourtant pas le contexte qui m’a fait mettre cette note, même si les rires épars de Tarantino juste derrière moi n’avaient rien d’anodins. Ce film de guerre, tourné comme un 24 heures chrono (plus justement, une heure chrono) est tout simplement excellent, dans sa forme et son interprétation. L’histoire est d’une simplicité enfantine : un homme, une femme, la guerre et quelques autres obstacles, mais portée admirablement bien par la réalisation de Moguy et des comédiens talentueux. Je t’attendrai porte en lui un condensé de ce que l’on peut ressentir en temps de guerre : la tristesse, l’espoir, la volonté incroyable de vouloir vivre l’instant présent ou encore les petits moments de joie et de camaraderie.
Joliment rendu par un noir et blanc agréable, Je t’attendrai est donc une petite pépite des années 30 d’un réalisateur visiblement à découvrir.