Je vais bien, ne t'en fais pas par BibliOrnitho
Lili rentre de Barcelone où elle vient de passer un séjour linguistique. A l'arrivée, père et mère l'attendent, la mine grave, fermée. Loïc, le frère jumeau est absent : à la suite d'une engueulade mémorable avec son père au sujet d'une chambre éternellement encombrée d'un bordel monstre, le fils est parti en claquant la porte. Quelques jours déjà et toujours pas de nouvelle.
Lili est ennuyée. Puis inquiète, lorsque ses appels téléphoniques restent sans réponses. Elle s'étonne également : la chambre de Loïc a toujours été mal rangée. Pourquoi donc ce clash ? Pourquoi maintenant ? Père et mère campent sur leurs positions, ne s'écartant pas d'un iota de leur version. Pourtant, Lili pressent quelque-chose de plus grave. Que lui cache-t-on ? Où est Loïc ? Que s'est-il réellement passé ?
Et cette apathie dans laquelle se sont enfermés ses parents l'étouffent. Elle crie, elle hurle : comment pouvez-vous rester les bras croisés ? Il est plus que temps d'agir et d'aller à la recherche du fils prodigue. Le père est sans réaction. Impassible, brisé, totalement dépassé par les événements. Il poursuit son chemin, sa routine qui le rassure et l'empêche de réfléchir. Qui lui donne une contenance. La mère, quant à elle, ne semble exister qu'à travers son époux.
Lili est à bout de nerfs. Elle craque et sombre dans une profonde déprime qui la conduit tout droit au service psychiatrique : refusant de s'alimenter, elle est attachée sur son lit d'hôpital, une perfusion de glucose dans le bras qui la maintient en vie tant bien que mal.
Quand une lettre arrive. Une lettre de Loïc adressée à sa soeur. Il va bien, il l'aime mais ne rentrera pas, ne pouvant pardonner à son père. Du coup, Lili reprend du poil de la bête et réintègre le foyer familiale. Sa vie s'organise de nouveau, ponctuée de loin en loin de cartes du frangins vagabond.
Un film que j'ai regardé un peu par hasard, simplement guidé par les deux "T" attribués par Télérama. Note qui me surprenait pour un film avec Kad Merad, acteur plus habitué aux nanars commerciaux qu'aux films appréciés par le magasine. N'ayant pas lu le résumé, je m'attendais en fait à une comédie romantique gentillette et caricaturale.
Mais j'avoue qu'au fur à mesure du déroulement de l'histoire, mon opinion s'est modifiée. J'ai d'abord découvert un Kad Merad que je ne connaissais pas : un bon acteur qui campe un personnage fort bien interprété, très juste. Puis Mélanie Laurent, dont le jeu est lui aussi très crédible (et quels yeux !, mazette : quels yeux !)
Ce n'est définitivement plus une romance. On doute toujours davantage que le fils rentrera un jour au bercail : un film sur les conflits de générations, sur les difficultés d'être parents et de lancer ses enfants dans la vie, sur la routine qui finit par nous bouffer tout entier, sur le vide que laisse derrière lui l'enfant envolé, sur le désarrois des parents face aux frasques d'un enfant majeur...
Tout ceci, mais pas seulement. Le coup de théâtre final nous en colle plein la gueule : jusqu'où peut-on aller par amour ? Où sont les barrières à ne pas franchir ? Et peut-on les franchir tout de même ?
Au final, un film profond et intelligent qui traite d'un sujet grave avec une grande simplicité, une grande sobriété.
Bravo !
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