Des fleurs
Il s'agit d'un film tourné par Rainer-Werner Fassbinder pour la télévision allemande en 1976 et inédit en France. "Je veux seulement que vous m'aimiez" (Ich will doch nur, dass ihr mich liebt)...
Par
le 11 janv. 2014
2 j'aime
Rappel des faits: le 10 juin 1982 disparaissait Rainer Werner Fassbinder, des suites d’une rupture d’anévrisme. Il n’avait que 37 ans mais laissait derrière lui pas moins de quarante films, réalisés en l’espace de 13 ans seulement! C’est dire que l’on n’en finit pas de redécouvrir de nouvelles pépites, au sein de cette filmographie pléthorique, dont on connaît principalement les grandes œuvres «tardives», Le mariage de Maria Braun (1979) et Lili Marleen (1981), avec Hanna Schygulla, ou Lola, une femme allemande (1981), avec Barbara Sukowa, autre égérie de la Nouvelle vague allemande. C’est ainsi qu’après la sortie de Le Monde sur un fil, passionnant thriller d’anticipation réalisé pour la WDR en 1973, un autre film inédit, tourné trois ans plus tard pour la même chaîne de télévision allemande, bénéficie d’une édition en DVD. Resté dans un tiroir pour d’obscures raisons de droits d’auteur, Je veux seulement que vous m’aimiez fut très critiqué par les aficionados de Fassbinder lors de sa diffusion sur le petit écran. En effet, loin de l’image souvent provocatrice véhiculée par des «mélodrames alternatifs» comme Tous les autres s’appellent Ali (1974) ou Le droit du plus fort (1975), Je veux seulement que vous m’aimiez dressait un portrait tendre et réaliste d’un jeune couple «normal» dans l’Allemagne des années 70. Ouvrier sur un chantier, Peter multiplie les heures supplémentaires et le travail au noir, au risque d’y perdre sa santé physique et mentale, pour offrir à son épouse confort et sécurité matérielle. Mais la société de consommation est sans pitié pour ceux qu’elle prend dans son engrenage et le rêve vire bientôt au cauchemar...
D’une histoire simple, Fassbinder tire un film touchant, d’une extraordinaire richesse thématique et stylistique. Si la critique du «miracle économique» allemand est sans appel, Je veux seulement que vous m’aimiez (le titre à lui seul fait figure de manifeste) ne saurait se réduire à un pamphlet anticapitaliste. En plus d’être victime de l’injustice sociale, Peter souffre au plus profond de lui-même du manque d’amour et de l’égoïsme glaçant de ses parents. Muré dans une solitude grandissante, incapable de réclamer son dû (à sa famille, à son patron), le jeune homme finira par commettre l’irréparable... Au fil d’une magistrale construction en flash-back, Fassbinder inscrit au cœur de sa mise en scène les signes de l’enfermement de son personnage («barreaux» de lumière, premiers plans obstructifs, cadres de miroirs), qui tirent le récit vers une dimension presque fantastique. Un authentique chef-d’œuvre méconnu qui n’a pas pris une seule ride!
Créée
le 3 août 2021
Critique lue 51 fois
D'autres avis sur Je veux seulement que vous m'aimiez
Il s'agit d'un film tourné par Rainer-Werner Fassbinder pour la télévision allemande en 1976 et inédit en France. "Je veux seulement que vous m'aimiez" (Ich will doch nur, dass ihr mich liebt)...
Par
le 11 janv. 2014
2 j'aime
Je veux seulement que vous m'aimiez ... Quel titre magnifique. Surtout quand le prix de cet amour est purement pécuniaire. On ne cesse de compter dans Je veux seulement que vous m'aimiez. Les sous...
Par
le 21 nov. 2013
1 j'aime
Avec Je veux seulement que vous m'aimiez / Ich will doch nur, dass ihr mich liebt, téléfilm réalisé en 1976, Rainer Werner Fassbinder nous propose un drame dans une veine délire œdipien consumériste...
Par
le 2 sept. 2021
Du même critique
L’idée était bonne de faire un film sur le destin très romanesque d’Artemisia Gentileschi, l’une des premières femmes peintres dont l’œuvre rencontra un grand succès à son époque puis traversa ...
Par
le 10 sept. 2020
5 j'aime
A mi-chemin entre Rocco et ses frères pour la tragédie et La classe ouvrière va au paradis pour la satire, ce film tout en finesse figure parmi les plus belles réussites de Luigi Comencini qui prouve...
Par
le 28 août 2020
5 j'aime
Radiologue à Calanda, une petite ville de la province espagnole de Teruel, Julian n’a guère de contact social en dehors de son assistante Ana, une infirmière taciturne et timorée, à laquelle il...
Par
le 2 août 2021
4 j'aime
1