"Au fait, où est la nuit quand il fait jour ?"

Tout s'est passé si vite, il n'était pas encore minuit lorsque j'aperçus, aguicheuse, une ébauche du film en bannière de site alors que je scrutais la programmation de ma cinémathèque préférée, curieux et ébloui par le charme sibyllin de ces traits qui me firent instantanément penser aux films d'animation occidentaux des années 70/80 que j'affectionne particulièrement (je pense à La Planète sauvage ou Le Roi et l'Oiseau), j'entrepris, eh bien, de le regarder, et ce fut après un rapide coup d’œil sur SensCritique que je fis face à ma première surprise : ce film n'était pas connu, mon altruisme me poussa d'autant plus à m'y intéresser et c'est ainsi que je me retrouvai, en quelques minutes à peine, à lancer Jean de la Lune dont vraisemblablement je ne suspectais pas l'existence une heure auparavant et dont, à part une animation remarquable et nostalgique, je n'attendais pas grand chose..


Ainsi, secrètement, l'animation se découvrit et mes premières impressions ne furent qu'éminemment positives dès lors que se devinait, à ma seconde surprise, l'ambiance nocturne, confortable et rassurante que j'avais espéré sans trop attendre en mon for intérieur, un air de jazz marqué au piano, et voilà qu'en un instant ce fut au son du saxo de se faire entendre, oh mes attentes étaient déjà comblées, mais c'était désormais au tour de la trame de se dévoiler, et, sur ce plan, hormis l'aspect indubitablement adorable du scénario


(en effet, le petit Jean se trouvait fort las de devoir veiller seul sur la Lune :( ainsi il s’accrocha à une météorite qui le conduisit sur Terre afin de pouvoir s'y faire des amis !)


le propos, lui, m'apparut des plus usuels, c'est alors que je décidai, dans un soucis de cohérence avec le, rappelons-le, conte pour enfant que j'observais alors, de faire abstraction, le temps d'une heure et demi, de ces considérations adultes arbitraires, binaires et hermétiques constituées, entre autre, par le jugement, c'était mignon et voilà tout, la bande-son n'avait de cesse de me surprendre et se révélait au fil du film devenir mon obsession première si bien que j'envisageais de le revoir une seconde fois afin de polariser, présentement, la musique qui m'imprégnait tout à fait, cool jazz qui tout à coup pouvait aller en un lent et sombre jazz, trip-hop des plus élégant, et désormais krautrock, le pic était atteint, si je m'y étais attendu, dans l'envie soudaine que représenter pour moi ce film, à y trouver du Neu!, et plus encore l'un de mes morceaux favoris, cette perle mésestimée dépassait décidément toutes mes attentes, et je n'allais pas m'en plaindre.


Je parvins, finalement, à me soustraire du caractère sublime de ces bourdonnements pour m'en remettre, enfin, au caractère tout aussi absolu de l'animation et plus particulièrement du dessin qui paraissait cependant, et après un second coup d’œil à la courbe de notes, appartenir à mon idiosyncrasie la plus intime ; les sens abîmés par la vue de ses escaliers grimaultien, je me délectai pleinement, désormais, de cette ode à l'innocence en observant notre jeune comparse s'en retourner éternellement sur sa planète..

Gobineau
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le 26 août 2015

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