Ce documentaire retranscrit bien le phénomène Jean Ferrat lors des années 60 où les chansons légères régnaient en maître. Comment un chanteur ayant un seul poumon arrive à remplir à guichets fermés pendant trois semaines le Palais des Sports sur des poèmes d'Aragon ? Ce n'est pas un mystère puisqu'il touchait le cœur des gens. Il n'avait pas son pareil pour parler des "petites" gens. Ce qui m'a dérangé dans ce récit réalisé par le service public, c'est "d'omettre" la chanson "Ma France" alors que "Le bilan" y a bien sa place. Ferrat a subi la censure, et visiblement elle est toujours d'actualité. Il y a des silences qui en disent long. Surtout dans une France actuelle où deux visions du pays s'affrontent, et dans une société où le pouvoir de l'argent fait davantage loi. Je crois que "Ma France" avait sa place en parlant de Jean Ferrat. Sympathisant communiste, Jean Ferrat croyait plus en son utopie plutôt que l'application dont cela en a été fait. Cependant, cela reste ses convictions intimes, peu importe notre sensibilité politique. J'ai un faible pour la chanson "Nuit et Brouillard", écrite à son âge en allant à l'essentiel avec la sagesse et la lucidité d'un "vieux philosophe antique". Écouter du Ferrat, c'est toujours une petite piqûre de rappel qui permet parfois de nous remettre en question.