Conversations dangereuses
« Dans l’eau, un grain de sable et un rocher coule de la même façon. » Cette phrase symbolise tout ce que représente le film Old Boy. L’œuvre de Park Chan-Wook a l’air de prime abord une banale histoire de vengeance, mais la mise en scène surprenante, le jeu déroutant des acteurs, le scénario à multiples rebondissements et la musique enivrante font de ce film coréen une jolie comète dans l’univers du septième art. Rythmée par une action incessante, l’originalité de la structure du film pousse parfois à la fascination. En effet, le réalisateur joue brillamment avec la luminosité, et ce dans chaque lieu, ce qui pouvait transcrire au sein d’Oh Dae-Soo son degré haineux sur l’échelle de la vengeance. La justesse des dialogues et le dépouillement de ceux-ci de toutes formes de maniérisme reflètent exactement les sentiments des différents personnages. La dualité qui oppose Oh Dae-Soo et Lee Woo-Jin est couronnée par l’époustouflante prestation et l’étrange magnétisme suscités par les deux acteurs, Choi Min-Shik et Woo Ji-Tae. Il est aussi intéressant de voir la juxtaposition de deux mondes, le premier représenté par l’homme, et le deuxième par la bête qu’est devenu Oh Dae-Soo. La seule parade de la bête afin de pouvoir subsister dans le premier monde est parfaitement résumée par cette magnifique phrase : « Ris et le monde rira avec toi, pleure et tu pleureras tout seul ».Old Boy est bien entendu pas du tout un film pour le grand public, et les avis à son sujet divergeront ; certains l’adoreront, d’autres le détesteront, mais il ne laissera personne indifférant.