Jean-Michel Basquiat n'a pas toujours été un homme merveilleux. Il lui arrivait d'être têtu et un bourreau de travail lorsqu'il s'agissait de son art (le documentaire parle de plus de 1000 peintures et 1000 dessins sur toute sa carrière), et son addiction à l'héroïne le rendait brutal et vindicatif selon son entourage. Il meurt à 27 ans alors qu'il est au plus bas sur un plan personnel mais aussi professionnel depuis la mort de son ami Andy Warhol. Toutefois, ce n'est pas ce que Tamra Davis souhaite nous montrer, du moins pas totalement. Elle souhaite évaluer objectivement le travail de son ami, un véritable artiste dans le sens où il a repoussé les limites et les conventions, fait les choses à sa manière et obtenu une reconnaissance mondiale, bien qu'incomplète puisqu'il a longtemps eu des détracteurs.
Le documentaire nous livre une vue d'ensemble de la carrière de Basquiat. Il a débuté dans le milieu underground de Manhattan à une époque où tout élan artistique était le bienvenu. Basquiat, qui se faisait surnommer 'Samo' à l'époque (pour 'Same Ol' Shit', habile) a attiré l'attention grâce à des graffitis en forme de phrases, voire QCM, et grâce à un groupe dans lequel aucun des membres n'était capable de jouer d'un instrument. C'est ainsi qu'il finit par être remarqué par Andy Warhol, ni plus ni moins, et que sa carrière décolle.
Le travail de Davis est grandement appréciable notamment grâce aux très nombreuses œuvres d'art qui nous sont montrées, mettant en exergue la variété des productions de l'artiste alors même qu'on lui reprochait de se répéter. On découvre également que malgré une simplicité apparente, le travail était en réalité grandement structuré et sophistiqué.
Il est possible que ceux qui ne sont pas fans de Basquiat - et le documentaire montre qu'il y en a, particulièrement dans les hautes sphères de l'art, dont l'actuelle directrice du MoMA, qui s'est certes rétractée depuis - ne tirent pas grand chose du long-métrage, mais en tant que révélateur de la nature de l'artiste, de sa façon d’interagir avec les gens, de travailler avec eux (Warhol notamment), il fait l'affaire.
Néanmoins, le documentaire de Davis comporte de gros défauts techniques. Ses interviews les plus récentes en particulier ont une mauvaise qualité de son ou de vidéo, ou même les deux. C'est très gentil de nous mettre des sous-titres lorsque les intervenants ont un accent hispanique, mais ce sont peut-être ceux qu'on comprenait le mieux. Je pense ici notamment à l'entretien dans un parc où on entend davantage les bruits alentours que les paroles de l'ancien ami de Basquiat. Les interventions de Tamra Davis sont également assez dénuées d'intérêt, on a juste l'impression qu'elle veut montrer qu'elle aussi était amie avec lui. Le rendu sent un peu l'amateurisme car les images du travail, de sa vie et l'interview de 1986 étaient bien suffisantes.
Ceci étant dit, les fans ou les simples amateurs de Basquiat trouveront leur bonheur ici avec un documentaire qui va en profondeur et qui traite à la fois de la vie et du travail de l'artiste en expliquant son cheminement de façon complète.