Critique de Jean Rouch, cinéaste aventurier par Caine78
Critique à venir.
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le 5 mai 2018
Un portrait du cinéaste qui me convient parfaitement, alors que je me situe à l'orée de sa filmographie : des traits généraux, quelques fragments des conditions de tournage, quelques instants pris sur le vif en France ou ailleurs, des commentaires de la part des principaux intéressés en Afrique, parmi ceux qui l'ont côtoyé. C'est presque une invitation au voyage pour les non-initiés, tout à fait maîtrisée, une incitation à découvrir plus avant le reste de ses travaux.
Le contexte, tout d'abord : Rouch fut missionné au début des années 40 au Niger, à l'époque colonie française, en tant qu'ingénieur des ponts et chaussées, pour construire une route avec sous ses ordres de nombreux ouvriers nigériens. C'est sur ce terreau qu'il se découvrira des passions croisées, entre l'ethnologie, le cinéma, et l'aventure. Et où il mourra, dans un accident de voiture, avant d'y être enterré (alors qu'il souhaitait être incinéré). Godard en parlait ainsi : "Chargé de recherche au musée de l’Homme. Existe-t-il une plus belle définition du cinéaste ?". À un perchman s'inquiétant de la présence du micro dans le champ, Rouch lui aurait répondu "tout le monde sait que c’est un film fait avec une caméra et un micro" : les prémices d'une trajectoire déjà bien tracée. Son attirance pour l'imparfait, pour les montages cabossés et pour toutes ces émanations du cinéma-vérité prend corps, petit à petit, au fur et à mesure que le portrait se précise.
On comprend comment s'est formé le style du cinéaste, au fil de ses pérégrinations sur le continent africain, au fil des découvertes et des rencontres avec des cultures différentes ou des personnes-clés (Damouré Zika, acteur et réalisateur, ou Moussa Hamidou, preneur de son). Il y a l'attrait et l'empathie pour son sujet, la nécessité d'être mobile au milieu des espaces et des populations, l'humour qui affleure parfois. Petit à petit, le style a migré du document témoignage à la fiction documentaire : c'est dans les pas de Robert Flaherty et Dziga Vertov que Jean Rouch marche quand il officialise, en quelque sorte, un genre : l'ethnofiction.
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Créée
le 17 nov. 2017
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