Michèle Morgan ne tenait pas en haute estime sa courte carrière américaine à la RKO, elle dit dans ses mémoires « La RKO attendait un stéréotype de la « French girl », brune, délurée, sensuelle, piquante, et elle voyait débarquer une blonde aux yeux bleus, une actrice dramatique qui en plus parlait anglais sans accent. »
Pourtant « Jeanne de Paris » (1942) son premier film pour le studio, n’est pas indigne d’intérêt. Œuvre toute entière dévouée à l’effort de guerre, on y exalte le courage de la résistance, on y chante la marseillaise dans les écoles, et tout le monde y parle anglais. Pourtant la mise en scène est alerte et dynamique, elle met aussi en valeur son actrice principale comme jamais, son réalisateur Robert Stevenson ayant probablement retenu les leçons de « Quai des brumes ». Le tout se regarde avec un plaisir certain mais ne transcende pas son statut de série B patriotique.