Mine de rien, Victor Salva revient de loin et plus d’une fois. Coupable de viol sur mineur à l’époque de son premier film, le poulain de Francis Ford Coppola écopera d’une peine de 3 ans de prison. Il en fera 15 mois, et connaitra sa première traversée du désert, qui durera 5 ans. Après des films plus qu’oubliables, mis à part le touchant Powder, avant de connaitre une nouvelle naissance avec le premier Jeepers Creepers en 2001.
Film d’horreur assez convenu, la proposition de Victor Salva s’avérera néanmoins plus qu’interessante, chargée sexuellement, s’inscrivant dans une véritable tentative d’établir une mythologie autour du Creeper, tout en proposant des personnages avec une véritable épaisseur.
Et alors que le premier film offrait une relecture horrifique de films comme le Duel de Spielberg, sa suite sortie en 2003 creusera encore plus la nature de ce croquemitaine tout en rendant hommage au Dents de la Mer du même cinéaste avec cet esprit bigger and better, un peu moins subtil, mais tout autant divertissant.
Alors, avec une génèse compliquée (il aura fallu attendre pas moins de 15 ans pour le troisième épisode) entachée par le passif de Salva, et plus que jamais d’actualité dans le climat de ces dernières semaines ( coucou Kevin !), qu’en est il de ce nouvel épisode?
Eh bien ce n’est pas seulement le plus mauvais film de la série, mais ni plus ni moins que du plus mauvais film vu cette année.
Alors évidemment, avec une gestation si compliquée, il fallait se douter que les ambitions spectaculaires de Salva seraient revues à la baisse, mais au vu de ses travaux, on ne doutait pas qu’il parviendrait a contrebalancer ce budget moindre par une intrigue plus resserrée et une ambiance délétère comme le premier épisode? Grosse erreur.
Non seulement le casting est ridiculement mauvais, mais l’intrigue n’apporte strictement rien de plus à ce qu’il aura fait en 2001 et 2003, intercalant maladroitement ce nouveau film entre le premier et deuxième volet. Les dialogues sont d’une platitude extrême, l’interprétation aux choux, (Meg Foster est effrayante physiquement et mal exploitée) et la narration est si convenue qu’on en vient à piquer du nez a chaque twist téléphoné.
Quid des maquillages? Eh bien, quand on a pas de sous, on reste dans l’ombre. Quelle idée de faire se dérouler 80% de l’intrigue en plein jour? Cette décision impact d’autant plus le métrage qu’elle rend la photographie délavée digne d’un mauvais film amateur, l’incrustation des effets spéciaux dignes d’un jeu de Playstation 2 pique les yeux, et le design du Creeper le fait ressembler Mask de Jim Carrey avec des dents pointues.
Et quand à la charge crypto-gay qui faisait le sel des épisodes originaux? Intexistante. Pas d’épaisseur, pas de sous-texte, pas de second degré, rien. Le vide absolu.
Alors je sais qu'il avait vraiment envie de voir son projet aboutir, moi aussi, mais parfois, quand ca veut vraiment pas, bah il faut pas.
Victor, Salva pas du tout la.