Mensonge et trahison ! Le titre nous promettait un lieu de souffrance au moins aussi imposant que la chapelle du premier jeepers creepers, lieu qui était d'ailleurs le principal élément horrifique du premier film, plantant une horreur poisseuse et posée où l'ensemble des morts semblaient justifier des élans artistiques malades à l'ampleur colossale. Ici, on retombe très bas, en dessous d'ailleurs du second opus, petit film d'horreur champêtre gay friendly qui nous montrait son monstre sniffeur d'adolescents sous toutes les coutures. Les fantasmes sont clairement moins sur le devant de l'affiche ici (peut être qu'autant de gayté a ravivé les controverses du film Clownhouse, ou que les gens attendent autre chose). Le creeper ne débarquera donc pas en costume disco paillettes, mais au volant de son camion vrombissant, qu'on retrouve avec un certain plaisir. Hélas, le plaisir s'arrête également bien vite à la simple redécouverte de nouvelles images du creeper. Car si les prédécesseurs avaient toujours su faire évoluer leur bestiau vers de nouveaux terrains (le premier cachait son surnaturel, le second donnait dans l'attaque surprise à tout va), ce nouvel opus se révèle particulièrement pauvre dans son apport à la mythologie du creeper. Personnalisant un peu son camion à grand renfort de procédés numériques assez hideux (ce qui en dit long sur le budget accordé à cette suite), le script se retrouve très vite à court d'ingrédients, qu'il expédie d'ailleurs beaucoup trop rapidement pour prétendre faire un travail sérieux
""(voir le traqueur qui chasse le creeper depuis quelques temps, qui se retrouve expédié en hors champ et en moins de 5 secondes) ""
Alors on se retrouve avec des passages digne d'un nanar, comme cette bande d'ados qui trouve le camion avant de se faire exterminer sans intérêt autre que gagner 10 minutes. On passera pas mal de temps avec les médiums (le procédé bancal de la saga, qui devrait s'en débarrasser), ce qui sera long et ennuyeux, mais permettra d'en apprendre un petit peu plus sur le creeper, dont le réalisateur disait vouloir éclaircir les origines. Voilà chose faite, mais je ne sais pas si on peut crier victoire avec un tel film, qui peine clairement à tenir le niveau en face de ses prédécesseurs. Le principal défaut revient à cet usage assez abject de la pyrotechnie numérique, qui trahit l'absence de moyens là où le premier ne donnait jamais dans le tape à l'oeil. Peut être aurait-il simplement fallu tenter de rester aux côtés du creeper et de nous faire partager sa malédiction, mais bon, tant pis. En voilà un qu'on n'attendra plus.