Jerryy
Jerryy

Film de Hem Raj B.C. (2014)

En me posant devant Jerryy, je savais à peu près où je mettais les pieds et je savais d'emblée que je n'étais pas dans la cible. Une comédie adolescente dotée une histoire d'amour à l'eau de rose..mouais sur le papier ce n’est clairement pas pour moi. Pourtant j'étais tout de même assez curieux de découvrir ce film népalais salué pour sortir du carcan bolyhoodien habituel.


Le film démarre avec Jerryy, une jeune tête à claques pourrie gâtée qui sort de son jacuzzi en s'essuyant avec une serviette brodée à son nom. Il déjeune avec ses parents, boit le verre de lait tendu par sa mère qui s'empresse de lui essuyer sa bouche, puis part avec sa décapotable avec I Gotta Feeling en fond. Le ton est donné. Cool en le considérant comme un nanar, peut-être que ça va passer.


Donc notre joyeux luron est un petit Casanova. Il écume les boîtes de nuit pour multiplier les rencontres éphémères à coup de répliques improbables.



Qu'est-ce que je vous sert ? Du sex au bar...euh pardon un coca !



[...]



L'amour, c'est comme un téléphone chinois sans garantie. C'est tentant mais plus on l'utilise, plus il se dégrade et se casse en mille morceaux



[...]



Tu es intelligent, comment tu fais? Je fais des recherches sur Google bébé.



La musique qui ponctue ce passage dansant est d'ailleurs quelque peu ambiguë...



Je te regarde, fillette



Tu me regardes aussi, follette



Je suis déjà en route, je viens te chercher



Dis-moi ...
Dis-moi ...
Dis-moi ...



Que penses-tu de moi ?



Je sais que tu as le béguin pour moi



Ne réfléchis pas trop, je t'ai déjà accepté



Viens vers moi sans hésitation



Fais-moi confiance



Dis-moi ...
Dis-moi ...
Dis-moi ...



Que penses-tu de moi ?



Mettons ça sur le compte des traductions approximatives de Gong TV et poursuivons. Durant cette fameuse soirée, fructueuse pour lui, il fait également la rencontre d'un groupe d'amis et ils décident tous ensemble de faire un petit tour du Népal. Dans le lot, Aakansha, une jeune photographe a parfaitement compris le manège de Jerryy. Ils vont se tourner autour, se faire des blagues potaches, se traiter de tous les noms...et la suite, vous la connaissez déjà.


Passons cette trame narrative très convenue qui reprend tous les poncifs du genre. A mes yeux, la force du film c'est de parvenir un bref moment à nous faire ressentir un élan de liberté en nous faisant découvrir de nombreuses facettes touristiques du Népal. Du camping à Pokhara, du parapente par-dessus les reliefs escarpés avec des perches à selfie, des tours en bateau, une magnifique grotte à Pajora, un petit tour en moto dans une zone désertique, une visite d'un temple... le tout sous les commentaires émerveillés des compagnons de route.



Qui attendais ça au mileu de Pokhara?
Pakora est un endroit mystérieux !



On assiste à quelques pratiques "exotiques" comme la saignée d'un yak; selon certaines croyances, boire leur sang serait un excellent remède. Appétissant ! Ou encore au passage sous les 108 conduits d'eau du temple Muktinath dans le but de laver ses péchés.


Bref j'ai beaucoup apprécié ce petit tour et je dois avouer que c'était plutôt bien amené dans le récit. L'office de tourisme locale n'aurait pas mieux fait. Malheureusement cette portion du film est trop courte à mes yeux et le film replonge très dans le pathos, tentant vainement de mettre en place des enjeux dramatiques pour relancer le rythme... zZZZ zZZZ.


Au passage, j'avoue avoir été plutôt étonné par les nombreuses références à la culture US. Je ne pensais pas que l'hégémonie américaine avait autant percé au Népal. Entendre Hotel California dans un petit bar local d'un village perdu c'est surprenant. De même pour la séance de shopping dans le magasin United Colors of Benetton, ou encore les références précises aux chaînes TV américaines.



(En parlant de Jerryy)
Je n'ai jamais vu une espèce pareil sur Discovery Channel !



Regarde Cartoon Network tu le verras.



En résumé Jerryy est un film léger bien calibré pour une jeunesse népalaise tournée vers la mondialisation. Si le film ne m'a pas beaucoup parlé, j'ai tout de même apprécié le dépaysement éphémère qu'il m'a procuré.

GigaHeartz
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le 25 mai 2016

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