Disponible depuis peu en DVD, le réalisateur a fait le choix « testiculeux » de laisser quand même ce court-métrage en streaming gratuit sur son site, accompagné d’une version avec commentaire.
C’est beau.
À la vue de cette initiative sympathique, j’ai d’autant plus envie de les recommander tous les deux :
1) Le film, pour les fanatiques de petites histoires mystérieuses du style des loners d’X-files, de Mysterious Ways, ou de The Twillight Zone - série à laquelle est rendu un bel hommage ici.
2) Et son commentaire, pour les jeunes cinéastes amateurs.
Non pas qu’il regorge de détails techniques forcément utiles, mais je le trouve stimulant et encourageant – voire inspirant – pour les créateurs débutants.
Legend of the Blue Hole est au départ un projet de fin d'étude.
L’étudiant concerné, James Rolfe, a pris un risque non négligeable en s’orientant vers une entreprise qui lui tenait à cœur plutôt que d’opter pour une intention plus académique.
Son choix d’adapter des légendes de sa région (le New Jersey) aurait pu être mal vu par le jury.
Dans ce premier épisode, il expose/exploite déjà très bien le mythe du Blue Hole sous tous ses aspects, tout en proposant sa propre vision des choses - Infos wiki : http://en.wikipedia.org/wiki/Blue_Hole_%28New_Jersey%29.
Il démarre donc avec justesse sa prometteuse série des Jersey Odysseys, encore inachevée aujourd’hui, pour une raison que j’aborderai plus bas.
Dès l’instant où l’on appuie sur lecture, le tout petit budget et les expérimentations curieuses sautent aux yeux (et aux oreilles), mais c’est pour le mieux, car le court-métrage reste étonnamment bien écrit et s'agence de façon maligne.
Le sujet est traité avec sérieux, sans pour autant être froid ou prétentieux. Au contraire, la passion qui a baignée la conception de ce film exhale aisément hors de l’écran pour se manifester au spectateur, ç’en est presque touchant.
Dans la boutique de l'antiquaire, on a droit à un éclairage à la Argento, ou ailleurs à une scène onirique inspirée d’un cauchemar d’enfance.
C’est par moments maladroit mais il y a de bonnes idées qui se lient agréablement, et surtout c’est excusé par le concept de départ qui est à vous faire baver.
Quant à l’esthétique quelquefois kitsch - ça paraît sortir des 90’s - elle ajoute un peu au charme global.
Je pense juste qu’à la fin la réaction d’un des personnages est trop étrange, mais je passe volontiers au dessus de ce détail, comme on passe au dessus d'une petite bouse de vache odorante, avant d'aller s'enfoncer dans des bois sombres et étriqués pour se perdre et devenir fou.
Non je ne suis pas objectif, j'aurais aimé voir d'autres opus.
À la base James Rolfe aurait dû développer davantage cette série, mais ses vidéos avec le AVGN ont eu un tel succès mondial qu’il a finalement persévéré dans cette voie-ci – avec raison.
J’espère juste qu’il reviendra un jour à ce projet. Et même si ce ne sera pas exactement le cas, une fois qu'il en aura fini avec le Nerd, il retournera probablement à ce type de propositions sordides.
C'est à dire non loin des eaux délétères et méphitiques de l’œil du Diable, l'aberration surnaturelle qui dévore le corps et l'âme des égarés. Le Blue Hole ! Bouh! T’as fait tomber ton chamallow dans le feu. Tu crains.
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