Pour ceux qui n'en étaient pas encore sûrs, Kinski est fou. C'est du moins ce qu'il ressort de ce spectacle. Mais pas une folie malsaine. Une folie saine. Une folie vraie. Une folie qui nous révèle. Kinski, c'est un peu notre pensée qui éclate, sans censure. Il est fou à lier, mais il est vrai.
Cette performance est assez difficile à regarder. D'abord parce que le texte, même s'il est écrit le plus simplement possible, ne m'a pas paru être le plus emballant. Ensuite, et surtout, parce que l'auteur perd sa concentration très souvent, quittant la scène en insultant ses détracteurs, puis revenant un peu plus tard, tentant de reprendre. C'est encore plus fort de la voir dans la scène post générique, où il reprend son spectacle en petit comité mais qu'il n'y arrive plus vraiment. C'est encore plus décousu, il se déconcentre encore plus vite, perd plus vite patience avec les bavardeurs du fond.
Son texte est construit pour faire réagir. Les spectateurs ne pouvaient réagir que de deux façons : soit en adhérant au propos comme face à un dictateur, soit en contestant ce qui est dit. Si Kinski a quelques admirateurs, ce sont tout de même ses détracteurs qui se feront le plus remarquer, se moquant de l'artiste entre deux lignes. Je disais donc que le texte ne pouvait susciter que de vives réactions. Le fait est, il utilise des mots simples, les crie, les hurle, les chuchote, les vit ! Un discours de propagande en somme. C'est bien amené. Le choix d'aborder Jesus sous cet angle me paraît pertinent par rapport à la personnalité de Kinski. Rien qu'aborder Jesus me paraît pertinent.
Kinski est un sacré orateur. Il a un de ses charismes. Ses poses. Sa voix. Sa gestuelle. Son regard. Ce texte ne pouvait prendre tout son sens qu'à travers le corps de Kinski. Non, vraiment, je n'imagine pas Joey Starr le proclamer, ni José Garcia, ni Patrick Sebastien, ni personne d'autre. Cette oeuvre a germé dans l'esprit délirant de Kinski et a été accouché par son corps malade.
Bref, c'est un spectacle vraiment étrange que seuls quelques gens ont eu la chance de voir en vrai, ou plutôt, devrais-je dire, de le vivre.