Pouvant être à la fois qualifié de film et de mini-série, car sorti sous des formats différents, le Jésus de Nazareth de Franco Zefirelli retrace avec minutie l’histoire des Evangiles. Le film est découpé en quatre parties d’une heure et demie environ. Sa durée conséquente de plus de 6 heures conduit ainsi à le voir comme une mini-série. Lors de sa sortie, il fut diffusé le Dimanche soir durant les vacances de Pâques dans une version plus longue. Une version plus courte (180 minutes) existe également.
Cette très belle adaptation se veut d’une fidélité totale, reprenant les paroles du Christ telles qu’elles apparaissent dans Le nouveau testament et suivant le déroulement de l’histoire qui y est tracée.
Le producteur Lew Grade, répondant à une demande du Pape Paul VI qui lui a soumis l’idée de produire un film sur la vie de Jésus, fait appel, en 1973, au réalisateur Franco Zefirelli. Le premier à rejoindre la distribution est James Mason, enthousiasmé par le projet, bientôt rejoint par un grand nombre de visages connus du cinéma et de la télévision. Le risque était un film un peu trop Hollywoodien prétexte à des numéros de grands acteurs, ce que Zefirelli voulait par-dessus tout éviter. Heureusement, il n'en est rien. Tous semblent s'effacer devant la formidable interprétation de Robert Powell, acteur alors inconnu choisi pour incarner Jésus.
Le regard bleu extraordinaire de l’acteur semble aller jusqu’au plus profond des âmes et son visage mince offre une sidérante ressemblance avec l’image traditionnelle que l’on peut se faire du Christ, telle qu’elle est également esquissée sur le Saint Suaire de Turin. Bien sûr, Jésus qui n’était pas anglais, n’avait certainement pas les yeux bleus mais on comprend le choix du réalisateur. Le Christ, petit garçon sera joué par Lorenzo Monet, enfant à la beauté et au regard presque surnaturels.
Zefirelli a déjà prouvé à plusieurs reprises qu’il avait l’œil d’un peintre. On se remémorera notamment le bouleversant Roméo et Juliette (où l’on trouvait dans le rôle de Juliette la lumineuse Olivia Hussey qui incarne ici Marie) ou le film sur l’opéra La Traviata de Verdi (où le réalisateur jouait sur les tons dorés, la somptuosité des palais particuliers et des costumes et sur des effets de transparences et flous).
Il n’est qu’à voir ici le soin pris aux images et aux couleurs. La lumière baignant les champs d’oliviers, celle aveuglante du désert, la silhouette qui se dresse à contre-jour dans la pénombre et tant d’autres images saisissantes qui constituent autant de tableaux qui frappent les esprits. La disposition des personnages, la manière de révéler un détail ou un visage sont précisément pensées et on est frappé par la beauté de certains instants.
La scène du Golgotha donne le frisson. Par quelques images très fortes, un maillet enfonçant un clou dans un silence soudain, est transmise de façon intense le drame de la scène sans qu’il soit nécessaire de multiplier les effets sanglants. C’est certainement à cela que l’on reconnait un grand film et un grand réalisateur.
Le film est vraiment habité par la Foi. On sent la ferveur de son réalisateur et si le casting ne comportait certainement pas que des croyants, difficile certainement de ne pas être pris par l’atmosphère du film et les paroles citées.
Le film répondant plus ou moins à une « commande » du Vatican, les détracteurs reprocheront le côté « saint-sulpicien » dans cette mise en scène d’images du Nouveau Testament
On est frappé, cependant, par le soin minutieux pris à décrire la vie des personnages, à montrer la pauvreté des lieux, les petits métiers exercés. On plonge dans le quotidien des personnages et leurs traditions – à noter la scène bien faite et réaliste du mariage de Joseph et Marie ou la visite de Marie à sa cousine. Tout ceci confère au film beaucoup d’authenticité, bien que le film n’ait pas été tourné en Palestine mais au Maroc, en Tunisie et au Mexique.
Parmi le casting, plusieurs interprètes sont particulièrement remarquables, Michael York en Jean-Baptiste vociférant et inspiré, James Farentino qui incarne un Pierre bourru et tourmenté, Ian MacSchane qui montre un Judas complexe et la belle Olivia Hussey, si émouvante en Marie.
D’autres films ont été tournés sur Les Evangiles, le plus fidèle (outre le présent film) étant le colossal La plus grande d’histoire jamais contée de Georges Stevens (aidé de David Lean et de Jean Negulesco) qui reprend également avec précision scènes et paroles des Evangiles..
Il existe d’autres adaptations mais je doute que l’on retrouve un jour un film sur le sujet aussi inspiré que le Jésus de Nazareth de Franco Zefirelli.