Je n'ai pas peur de grand chose mais les poupées font définitivement partie du lot. Petites, lisses, bienveillantes (vraiment ?), arborant un faciès humain (!!!!), elles constituent pour moi le summum de l'aberration. L'être humain étant invariablement attiré par ce qui l'effraie, c'est donc naturellement que j'éprouve une véritable fascination pour les films mettant en vedette des poupées meurtrières, dont la saga "Child's play", bien qu'extrêmement inégale, constitue le haut du panier. Et j'ai décidé de me la refaire en intégralité. Même pas peur !
Présenté à Avoriaz en 1989, "Jeu d'enfant" fit son petit effet en son temps et s'il accuse aujourd'hui un sacré coup de vieux, 80's oblige, il reste cependant toujours efficace, en grande partie grâce aux effets de Kevin Yagher et surtout à la mise en scène habile de Tom Holland, certes un peu scolaire mais jouant à fond la carte d'une suggestion bienvenue renforçant l'impact d'une seconde partie nous montrant enfin le "vrai" visage de Charles Lee Ray alias Chucky.
Le casting a beau être impeccable, le spectateur n'aura d'yeux que pour la poupée Brave Gars à laquelle l'excellent Brad Dourif prête sa voix après avoir incarné brièvement son homologue humain. Furtive, roublarde, sadique et ordurière, elle reste un des boogeymen les plus fascinant du cinéma horrifique, aura maléfique renforcée par sa condition d'âme prisonnière d'un corps de plastique.
Bien que souffrant d'un aspect horrifique encore timide et d'une bande son atroce, "Jeu d'enfant" conserve encore une bonne partie de son charme et, à défaut de réellement foutre les pétoches, instaure une ambiance pesante et un suspense efficace jusqu'à un double climax habilement orchestré.