Yuko est la fille illégitime d’un businessman tokyoïte et d’une de ses secrétaires. Elevée à la campagne, à l’écart de la famille sophistiquée du père, elle apprend un jour par sa grand-mère son origine. Elle se rend à Tokyo, bien décidée à retrouver sa mère biologique. Mais pour cela, elle doit composer avec la maison de son père où l’épouse de ce dernier ne tolère sa présence qu’à la condition qu’elle travaille comme domestique…
Adapté d’un roman à succès (qui fut décliné la même année en une fiction radiophonique), Blue Sky Maiden est le deuxième film de Masumura ainsi que le premier en collaboration avec Ayako Wakao, alors âgée de vingt-quatre ans (et déjà un peu chevronnée puisqu’elle a tourné avec Mizoguchi). Bonne pioche pour le réalisateur puisque cette collaboration sera suivie de vingt autres. S’agit-il de leur meilleure ? Ce serait beaucoup dire. Une chose est sûre : ce petit mélodrame est tout ce qu’il y a de sympathique. Il y a un côté Cendrillon ou Shōkōjo Sēra (Princesse Sarah) version Tokyo 50’s, sans non plus en rajouter dans les affres que subit la pauvre et belle jeune femme issue d’une bâtardise. C’est qu’elle a beau ne pas connaître sa mère, Yuko est tout de même la fille de son père (joué par Kinzô Shin), père qui est très content de revoir sa belle et grande enfant. Mais voilà, l’épouse a la dent dure envers une liaison qu’elle considère comme une humiliation et a donc tendance à reporter sa colère sur la pauvre Yuko, qui aggrave son cas en charmant malgré elle tout ce qu’elle rencontre, y compris les prétendants à sa peste de demi-sœur (notamment en jouant comme une déesse au ping pong !)
Son personnage enjoué et pragmatique suscite bien sûr immédiatement la sympathie dans le cœur du lecteur, et l’on suit avec intérêt et amusement les pérégrinations de la jeune femme dans un Tokyo moderne (électrique mais moins pénible que pour Giants and Toys), coincée entre sa quête pour retrouver sa mère et un dilemme pour choisir le bon prince charmant (sera-ce Monsieur Futami, son ancien professeur ? Ou bien Hirooka, un petit bourgeois qui en pince méchamment pour elle ?).
Film parfaitement inoffensif, très loin du climat vénéneux de La Bête aveugle, mais plutôt agréable à suivre par son ambiance et sa galerie de personnages attachants. Et puis, bon, Ayako Wakao à 24 piges, c’est aussi quelque chose, hein !
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