Décidément, le cinéma français devient bien mystérieux.
Après l'énigme Michael Kohlhaas, voici donc jeune et jolie. Comme pour le film d'Arnaud des Pallières, je comprends absolument toutes les critiques qui ont été émises ici ou là, d'autant plus facilement que j'aurais normalement du les partager (ennui, froideur, etc…).
Mais, cette fois encore, je suis victime d'un charme que j'ai du mal à m'expliquer.
Ici, c'est avant tout une idée que je trouve à la fois jubilatoire et terriblement maligne.
Tous les reproches qu'a dû essuyer le film tournent autour de ce qui me semble être le point central du portrait que propose le réalisateur.
Ozon la prostitution volontaire
A l'image des parents qui ne cessent de se demander ce qu'ils ont raté dans leur éducation, les spectateurs semblent placer en tête de leurs griefs l'absence d'explication, l'impossibilité de comprendre le comportement d'Isabelle.
Ben ouais.
Sacrément frustrant hein ?
Ce n'est pas la cupidité, ce n'est pas la luxure, ce n'est pas un trauma, ce n'est rien de tout ce qu'on a l'habitude de recevoir comme grille de lecture rassurante. Et c'est ce qui, chez moi, rend le film passionnant. J'avais pas forcément envie de voir un truc sensuel, érotique ou dérangeant (dans un sens attendu, en tout cas), je n'ai donc pas été déçu. Cette pulsion, qui semble plus mélancolique que morbide, crée l'espace pour permettre l'essentiel: l'existence du mystère.
Cette idée (l'absence de piste véritable), pour peu qu'on la trouve comme moi assez jouissive (contrairement aux pulsions de l'héroïne) colle parfaitement à l'air du temps pour dresser le portrait intuitif et fulgurant de nos dix dernières années: quelque chose de merveilleusement plus libre que toutes les époques antérieures, délicieusement allégée de ce que la morale représente de pesant, mais terriblement vidée de toute substance.