Impératif d’existence ou rencontre extrême avec les limites ? A corps perdu, le film livre la subversive errance d’une adolescence en quête de sens.
Un film dérangeant et âpre qui nous laisse avec multiples questions. Outre une belle interprétation de M.Vatch, François Ozon évoque une histoire assez cruelle sans apporter de réponses sur le phénomène de la prostitution adolescente , ni donner un sens singulier sur ce qui arrive particulièrement à cette jeune fille. Nous ne pouvons déchiffrer les raisons profondes ou objectives qui pourraient expliquer pourquoi elle décide de se prostituer (pas de traumatismes infantiles , une famille unie malgré sa recomposition , des parents ouverts avec laquelle elle peu dialoguer , des amies, des amoureux, pas de problèmes financiers) Il y a comme un tragique vide de sens dans cette appréhension très particulière de sa rencontre avec la sexualité .Elle vient faire basculer l’ordre familial , ses normes et ses repères…Alors que vient –elle interroger à travers ce comportement, cette forme de transgression d’un tabou ? C’est comme si , face aux tourments intimes de l’adolescence et de ses changements imposés, elle reprenait la main , dans une sorte de prise de pouvoir notamment sur les hommes plus âgés qu’elle fascine, tout en les renvoyant à leurs propres désirs cachés … D’un point de vue plus « sociologique » , elle fait penser à cette problématique de certains ados qui à travers leurs actes transgressifs, révèlent en fait toutes les lignes de fracture et de tension du monde contemporain qui se caractérise souvent par une inexistence des limites qui tend à brouiller la limite entre pensée et actes , qui valorise des objets de consommation immédiate . Interrogation des limites plutôt que recherche de limites où le corps est désincarné ou objet de rapport marchand objet de jouissance pour l’autre...