A l'ombre d'une jeune fille en fleur
Une jeune fille se cherche au milieu d'une famille recomposée. Une adolescente vierge, refermée sur elle-même et terriblement jolie. Lors de ses vacances, elle va faire la rencontre d'un allemand qui va bouleverser sa vie ; le déclic d'une entrée à l'âge adulte un peu trop brutale.
Plus qu'un film sur la prostitution, c'est la découverte de son esprit et la main mise que l'on peut avoir sur son destin. Elle découvre son corps petit à petit certes, mais cette fameuse nuit sur la plage où elle va perdre sa virginité est le début d'une errance dans ce nouveau monde qu'elle ne connait pas. Entre humiliations et échanges sincères, la route qu'elle décide elle-même de se créer est jalonnée d'obstacles. On dit dans le film qu'elle mène une double vie, je pense plutôt qu'elle saute de vie en vie au gré des personnages qu'elle a autour d'elle. Sans complexe vis à vis de son frère, provocant avec son beau-père ou tendu avec sa mère, son rapport aux autres change perpétuellement. On apprend à la connaître comme elle apprend à se connaître.
L'interprétation de Marine Vacth dans ce film est très juste et pertinente. Elle aborde le virage de son personnage dans la prostitution avec une naïveté froide qui n'interpelle pas. Ce jeu authentique permet de rentrer avec moins de difficulté dans cette histoire qui pourtant s'écrase sur certains clichés parfois. Tous les acteurs sont plus ou moins bons. Je retiens une Charlotte Rampling énigmatique, aussi, chouchoute de Ozon qui apparaît comme le fantôme d'un passé dont l'héroïne, Isabelle, n'arrivera jamais à se défaire.
J'aimerais aussi aborder la réalisation de François Ozon qui sait filmer les femmes comme personne. Ainsi peut-on découvrir une Marine Vacth sous toutes les coutures, de son corps nu jusqu'aux moindres traits de son visage. La caméra se pose sur elle, toujours fragile, et laisse ainsi l'actrice montrer l'étendue de la mélancolie passive de son personnage - d'ailleurs très bien instrumentalisée par les diverses musiques du film. Un cadrage sur les yeux quand elle se remémore son client préféré, l'entrée puis la sortie du métro comme un rite de passage dans un univers qu'elle assume. Rien n'est laissé au hasard et cette réalisation, simple et épurée, sert complètement Jeune & Jolie qui aurait pu prendre un tournant plus dramatique.
Une année avec cette adolescente qui se déshabille, à sa manière, face à une existence qu'elle se plaît à découvrir à sa façon. Subtil et beau, ce film ne me déçoit pas et je le recommande.