Avec “ Jeune et jolie ” Ozon aborde à nouveau un sujet sulfureux, un fait de société en pleine expansion : la prostitution des jeunes. Il choisit ici comme prisme, Isabelle (sublimement interprété par Marine Vatch), ado en apparence sans problèmes apparents (fille de bonne famille, mère soixante huitarde…). On assiste, sur quatre saisons, à sa mise en abîme, sans que soit apporté une quelconque explication. Ozon se garde bien d’ailleurs de prendre position, timoré sur le sujet, il a une certaine empathie pour son héroïne et affiche même un côté voyeur qui peut apparaître malsain. Il essaime quand même quelques messages au détour d’une scène (la soirée “ débridée ” de la copine, les adultes qui ne sont pas forcément blancs comme neige) pour nous questionner… Ce que fait Isabelle est-ce plus immoral que le reste ? Mais cela est peu et Ozon semble s’être freiné dans sa manière d’exprimer sa pensée ou ses propres interrogations comme il l’a fait précédemment dans certains de ses films (Swimming pool, Le temps qui reste, Sous la sable, Le refuge…).
“ Jeune et jolie ” même s’il est mécaniquement bien construit, manque cruellement de profondeur. Les scènes sont plaquées les unes aux autres, et les relations entre les différents protagonistes (familiales, avec “ son ” client…) ne sont pas suffisamment développées. Cette superficialité agace. On a connu Ozon plus percutant… Serait-il à bout de souffre ?