Si je dois retenir un message de ce film, ce serait à peu près celui-ci : que tu sois gros, autiste, ou lesbienne, ta différence ne doit pas t'exclure. Et pourtant, les situations qui s'enchainent dans ce film offrent autant de circonstances, de prétextes, de mauvaises objections pour rejeter ces personnes différentes. A tort !
L'habile construction du scénario va permettre à Juliette de prendre conscience de son état, suite à ses crises, ou suite aux rejets des autres dans des scènes violentes (Grosse torche ! scandé par des abrutis alcoolisés). Mais ce sera pour mieux contrer ces oiseaux de mauvaise augure, voire les ridiculiser. Juliette devra porter seule ses angoisses et ses déceptions, car ce n'est ni son père en pleine roucoulade amoureuse, ni sa mère partie travailler à New-York qui pourront l'aider. Tout au plus, son frère lui servira de soutien ponctuel, mais sans trop lui en demander.
L'actrice Alexane Jamieson porte le rôle de façon très décomplexée, malgré des scènes peu évidentes (celle où elle se masse le ventre, ou l'après-fête sur le lit avec Liam...), apportant une crédibilité très forte à sa situation qui pourrait être anxiogène. Et quelque part, elle se rend attachante au travers des livres qu'elle adore (Céline, Dostoïevski...) mais que son entourage ignore, au point qu'elle ait envie de les rejeter pour quitter son triste état.
Ce film est une vraie prouesse car la réalisatrice, Anne Emond, réussit à dédramatiser, au moins en partie, des complexes que certains ados doivent très mal vivre dans la vraie vie. L'histoire ne vire pas au drame mais elle aurait pu facilement basculer du mauvais côté. Comme elle l'a expliqué en fin de séance, Anne Emond, a confirmé que son film portait une bonne part de vécu, ce qui renforce un peu plus le sens de son message.
Et les relations d'abord ambiguës entre Juliette et Léane (Léanne Désilets) nous renvoient en pleine figure que les différences peuvent être lourdes à porter mais qu'avec de l'écoute et du respect, elles peuvent se partager, et notamment en renforçant leur présence au cœur de l'école. Enfin, les maladresses que Juliette provoquent, vis-à-vis du jeune autiste dont elle a la garde, des réactions douloureuses mais que la compréhension et la considération permettront d'effacer.
Voici un film intéressant que j'ai bien aimé, même si en première approche, une certaine gêne commençait à s'installer. C'est une histoire qu'il ne faut pas prendre à la légère, qu'il faut aussi savoir méditer, analyser avec un peu de recul, car notre vie de tous les jours est constamment parcourue par des événements tragiques que certaines personnes fragiles, et complexées ne savent pas affronter faute de soutien. C'est un film que je vous conseille.
Sortie en salle le 11 décembre.

Eric-ROBINNE
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le 17 oct. 2019

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Eric ROBINNE

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