La police est sur les dents
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le 30 août 2019
Si le cinéma néo-réaliste avait pour protagonistes les pauvres et leur misère, Gioventù perduta au contraire s’arrête sur une bourgeoisie, jeune et fumeuse de Camel (luxe d’antan), mais non moins pathétique.
Plus qu’économique, le drame ici est existentiel – mais découle de l’économie. En effet, avec la montée du capitalisme où le matérialisme économique crée un besoin éternellement insatisfait, une certaine bourgeoisie voulant avoir plutôt qu’être (alors que les pauvres d’alors ne pensent qu’à pouvoir manger à leur faim) se retrouve condamnée à vouloir posséder plus, insatiablement. C’est la drame intérieur que vit Stefano, pour qui la vie n’a de sens que dans les biens, au détriment d’autres valeurs humaines qu’il est prêt à froidement sacrifier pour satisfaire ses besoins matériels, quitte à s’en défaire aussitôt, se rendant compte de la futilité de l’objet, de la supercherie de l’avoir, de la vanité de posséder.
C’est à partir de ce dilemme moral entre avoir et être, opposant deux générations, celle du père professeur universitaire, intellectuel et aux valeurs bien assises, à celle du fils, cynique et nihiliste, que se noue le film. Avec en arrière-plan le portrait d’une jeunesse désœuvrée, vaine, égarée, se cherchant sans se trouver, sur fond de critique du matérialisme économique, Gioventù perduta tisse une intrigue de film noir à l’américaine avec force camel, coups de pistolets et meurtres nocturnes, créant ainsi un divertissement à thèses – drôle de rejeton américano-italien.
6.5/10
Créée
le 3 févr. 2021
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