L'amour et l'effroi
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« Il fait partie de ma propre chair. Je préfère « Jeux d'été » pour des raisons d'ordre intime. J'ai fait « Le Septième Sceau » avec mon cerveau, « Jeux d'été » avec mon cœur. Pour la première fois, j'avais l’impression de travailler d’une façon personnelle, d'avoir réalisé un film qu'aucun autre ne pourrait refaire après moi. » — Ingmar Bergman, Cahiers du cinéma n°84, juin 1958
De fait, « Jeux d'été » est un film éminemment solaire et chaleureux, même s'il est également triste. Solaire car tourné pour partie en plein été suédois, quand le jour est sans fin. C'est l'un sinon le long métrage de Bergman où la nature est la plus mise en valeur : ces plans où le soleil se reflète dans l'eau, où la végétation est épanouie, où les personnages jouent dans une nature rayonnante, sont absolument sublimes. Et l'histoire en elle-même est profondément touchante. Une danseuse étoile de 28 ans (« son visage en paraît 45, son corps 17, elle en a 28 » nous dit-on), se remémore un été où elle rencontra son premier amour. Et par l'entremise d'un flash back, nous retournons vers ce fameux été, où Marie et Henrik filaient alors le parfait amour. Elle, jeune et effrontée, légère et insouciante. Lui, maladroit et fou d'elle, accompagné d'un sympathique chien tout aussi attachant que son jeune maître.
Et l'on suit ainsi leur découverte mutuelle, leur amour si jeune et si fragile, leurs sentiments parfois tourmentés, mais dans une joie quasi constante, une sorte de fête de tous les instants. « Jeux d'été » comporte des passages parmi les plus réjouissants de l’œuvre d'Ingmar Bergman, sans compter que c'est l'un des tous premiers films où l'on sent sa personnalité réellement poindre derrière les images. En cela, c'est à mon sens tout sauf un long métrage mineur dans la filmographie du Suédois. Qui veut comprendre Bergman ne peut faire l'impasse sur ce film. Il comporte tout son talent : un talent visuel, avec des prises de vues enchanteresses ; un talent scénaristique, avec des sentiments qui jouent aux montagnes russes, un côté terriblement tragique ; un talent de direction d'acteurs, avec une interprétation remarquable, du couple d'acteurs principaux aux seconds rôles.
J'ai personnellement beaucoup de tendresse pour le jeune héros, Henrik, un peu gauche et peu sûr de lui. Il est vraiment l'âme de ce long métrage, par cette fragilité qui lui confère une grande humanité. Marie quant à elle est par moments particulièrement vivante, avec un regard de feu, rieur... et tantôt éteinte, meurtrie par les évènements et un passé douloureux, meurtrie par une absence inconsolable... Avant de larguer les amarres de ce passé envahissant, et ainsi tenter de renaître.
Bref, « Jeux d'été » est un film sensible et complexe, gorgé de qualités. Il augure toute la richesse de l’œuvre de Bergman à venir. Parfois lumineux, parfois sombre, c'est l'un des premiers grands longs métrages du cinéaste suédois, et en cela il vaut largement le coup d’œil !
Critique à retrouver sur mon blog ici.
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Créée
le 26 nov. 2017
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