Un film de porcs à la hauteur de sa réputation, pas davantage.

Après la sortie de Saw en 2004, une suite est arrivée chaque automne, jusqu'à l'épisode 7 (Saw 3D : chapitre final en 2010). Fin 2017 un huitième opus sort discrètement, en récoltant un mépris modéré de la part des critiques et des recettes remarquables au box-office. Ce Saw 8 s'avère une simple reprise de la saga, non un reboot ou un préquel. Il apporte des nouveautés dérisoires et rien de crucial à l'histoire générale.


Pour la première fois la claustrophobie n'a presque jamais raison d'être et la lumière du jour filtre les trois quarts du temps. La mise en scène est beaucoup plus sophistiquée. L'action implique davantage d'espace, l'organisation est fluide et surtout l'aspect plus propre – la violence aussi, malgré trois images extrêmes. Le casting est glamour et bon, les personnages insignifiants. Ils sont un peu idiots, vite convaincus, assez sympathiques mais pas au point de faire éprouver de l'empathie pour les victimes.


Une nouvelle fois le torture porn 'mainstream' prouve sa supériorité sur le found footage – il n'a pas comme lui d'excuses pour ses défauts. Les qualités de la réalisation, du design sonore, sont réelles même si le bon goût n'est jamais de mise, quelque soit la façon dont on le qualifie, sauf excentricités. Le style est tout en lourdeur et en efficacité, sans craindre le ridicule. Le scénario est abusif sans devenir aberrant – il évite les grands effets pseudo-machiavéliques des deux précédents, abandonne la sur-exploitation des alibis moraux, mais autorise des rebondissements rocambolesques et au moins une entorse à la logique.


Le soap gore est dopé et relancé par l'enquête, au point que les parties avec les épreuves deviennent anecdotiques – et que le dernier tiers est le meilleur (avec une magnifique remarque pro-cochons de maître Tobin Bell). Selon les dispositions du spectateur, l'ambiance du film et ses saillies odieuses pourront être drôles (via ses dialogues ou ses enchaînements ironiques) ou stressantes, ou simplement divertissantes – on peut tout reprocher au film mais pas d'être ennuyant, sauf bien sûr pour l'esprit, mais il faudrait débarquer de loin pour avoir des attentes de ce côté-là. Tout est mis en œuvre pour maintenir la pression et finalement Jigsaw n'est pas tout à fait ce qu'il semble être. Il est roublard et performant, pas intelligent, sauf dans la mesure où le cynisme se trouve de bons alibis.


Jigsaw peut faire l'effet d'un double-épisode de série télé franchement trash, mais vaut légèrement plus, grâce à ses outrances et ses pics récurrents d'intensité – c'est un film d'horreur 'recevable', petit mais jetant un peu de trouble, une sorte de cousin de The Collection (suite de The Collector), pas si raffiné, pas si engourdi. En revanche il semble seulement se plaquer sur la saga et n'ouvre pas de voie royale pour un renouvellement. Pour autant il ne lui fait que du bien (même s'il aurait pu le faire mieux), comparativement si ce n'est dans l'absolu. Les deux premiers opus planeront toujours largement au-dessus ; mais celui-ci est finalement le meilleur depuis Saw 2. Ce n'était pas difficile, il fallait enjamber le ou les quelques suites qu'on trouvait à tort ou à raison potables. Mais dans cette industrie rien n'est jamais acquis !


Un neuvième Saw a été annoncé dès janvier 2018. Cet épisode sera confié à un autre réalisateur que les Spierig (connus pour Daybreakers et peu prolifiques, ils pourraient devenir 'bankable' mais auront abîmée leur aura en assistant la reprise d'une si vulgaire saga).


https://zogarok.wordpress.com/2018/04/30/jigsaw/

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le 29 avr. 2018

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