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La saga Saw est un véritable mystère ! Malgré un premier opus mémorable car misant tout sur la psychologie morbide, les innombrables suites qui sont nées après n’étaient qu’une reprise maladroite du concept pour offrir à la franchise son statut de torture porn incontournable des années 2000. Durant lesquelles nous ne faisons qu’assister au démembrement, décapitation, massacre et autres tueries écervelées de personnages au combien fade. Le tout noyé dans des litres et des litres de sang, pour assouvir notre soif de spectacle. La série a connu ses réfractaires (moi le premier) qui n’ont jamais cessé d’essayer de comprendre comment pouvait-on être diverti avec ce genre de film. Comment la mise à mort de personnes lambdas pouvait autant résonner dans notre inconscient collectif, au point de voir ce huitième opus (débarquant sur nos écrans sept ans après le soi-disant Chapitre final) avec une fibre nostalgique et un sentiment non caché de plaisir coupable ? Et même si l’on est encore prêt à cracher sur Jigsaw, on se surprend à adhérer une nouvelle fois au jeu des malades mentaux qui ont conçu cette saga, avec la même jouissance qu’auparavant.


Encore une fois, Jigsaw cumule tout ce que l’on déteste dans un film d’horreur, tout comme la majorité de ses prédécesseurs. Et cela, les premières minutes du film annoncent d’emblée la couleur : le scénario sera d’une connerie monumentale ! Un véritable ramassis de bêtises sans queue ni tête, fourmillant de personnages très mal interprétés, sans aucune ampleur et écrits avec les pieds (bref, la définition même de la chair à canon, ce genre de rôle dont on se fiche royalement répondant présents juste pour mourir). Un script qui perd du temps (surtout du côté de l’enquête, du point de vue de la police) à nous présenter ses protagonistes alors qu’ils n’ont aucun intérêt ni charisme. Juste histoire de meubler une intrigue qui, connaissant la saga, se voudra complexe – sans avoir peur du n’importe quoi – pour installer le fameux twist final tant attendu dans un film Saw. Peut importe si la logique et la cohérence sont sur le banc de touche, tout est mis en œuvre pour vouloir surprendre le spectateur de manière tape-à-l’œil. Et ce sans avoir honte d’exposer avec gratuité ses mises à mort à la limite du grotesque (celui qui voit sa tête s’ouvrir comme une fleur à cause de lasers, franchement…). Comme pour les épisodes précédents, on a nos petits souffles de désespoir, de fous rires devant tant de ridicule.


Pourtant, la jouissance morbide qui nous habite reprend irrémédiablement le dessus. Dès qu’apparait Saw à l’écran titre, sous le thème principal de la série composée par Charlie Clouser, des étoiles envahissent nos yeux. Dès que la voix de Jigsaw/John Kramer se fait retentir dans les haut-parleurs des décors de jeux, que le personnage soit mort depuis Saw 3 (ou peut-être pas…), l’aura du tueur au puzzle refait illico surface. Un constat qui se confirme dès l’apparition de la célèbre poupée le représentant. Bref, l’effet Saw fonctionne une nouvelle fois. Même si l’ont peste sur les nombreux défauts de ce huitième volet, comme pour les précédents, on se surprend à se laisser emporter par l’intrigue. À vouloir découvrir l’enchaînement des pièges, tout aussi tordus qu’ils sont, et même s’ils sont pour la plupart improbables. À essayer de découvrir qui est dans le coup. À tenter de mettre à jour le fameux twist final avant que celui-ci ne survienne. Mais malgré nos efforts, des défauts du scénario et du fait que l’on sache à quoi s’attendre en termes de structure scénaristique, la fin parvient encore une fois à nous surprendre. Et – chose pour le moins inattendue – à relancer la franchise pour de nouveaux épisodes que nous sommes prêts à regarder avec la même culpabilité perverse.


Il faut également avouer que les apports accomplis par le duo de réalisateurs à la tête de ce Jigsaw (les frères Spierig, qui se sont faits connaître avec Daybreakers et Predestination), qui permettent à la franchise de partir sur de nouvelles bases tout en conservant l’héritage de cette dernière (d’où le titre initial du projet, Legacy, avant que celui-ci ne soit modifié). Comme par exemple arborer une mise en scène beaucoup plus classique (au visuel moins glauque) mais bien plus abordable car moins clipesque et bordélique. Ou encore cette envie de faire honneur à la franchise en y mettant des références bien pensées (certains gadgets et pièges cultes, comme le casque que portait Amanda dans le premier opus) tout en usant des défauts de la série pour peaufiner l’intrigue (Jigsaw revenu d’entre les morts ou pas ?) ou bien de donner une explication à notre mystérieuse fascination pour la saga (en mettant en avant un personnage obnubilé par les méfaits du tueur au puzzle au point d’en collectionner les accessoires). Bref, tout ce qu’il faut pour brosser les fans dans le sens du poil sans trahir l’esprit de la saga tout en faisant preuve d’une certaines intelligence dans l’exploitation de cet héritage.


S'il ne renouvelle aucunement la franchise et ne prend pas forcément de risque (un sentiment de déjà-vu vous habitera lors des séquences des pièges), Jigsaw démontre que le concept initié par James Wan fonctionne encore est toujours. Et ce malgré une longue pause de sept ans ! Pour repartir de plus belles dans les années à venir ? Les chiffres que fera ce huitième opus au box-office donnera la réponse d'ici quelques semaines. Mais avec notre étrange fascination pour l'univers du tueur au puzzle et le fait d'être content - oui, n'aillons pas peur des mots - de retrouver ce plaisir coupable, il faut s'attendre à ce que la série perdure à nouveau. Je ne suis pas contre, vraiment ! Mais avec une pointe de nouveauté, ça ne serait pas de trop pour éviter la redite pure et simple.

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