Ce documentaire me rappelle Room 237, masterclass de cherrypicking où des andouilles prenaient tout ce qui les arrangeaient dans Shining pour nous soutenir que le film parlait en réalité de la Shoah ou du génocide amérindien...
Cette fois-ci, on prend 40 ans de carrière de Jim Carrey et on cherche dedans tout ce qu'on peut relier aux problèmes raciaux américains, faire du gros sabots "we live in a society" avant de se rétablir par une pirouette finale anti-trumpiste hors-sujet aussi adroitement qu'un acrobate bourré.
Certes, Jim Carrey a débuté dans "In Living Color" à majorité noir et c'est intéressant de le savoir, mais l'émission esquintait toutes les idéologies. Bizarrement, le documentaire ne dit rien sur les sketches moquant les progressistes comme le "overly confident gay man" ou le "environmental guy" qui horripileraient tout wokiste qui se respecte.
(D'ailleurs pour l'anecdote, Jim Carrey est rentré dans In Living Color très probablement parce que c'était sa seule chance d'être dans une émission similaire au Saturday Night Live qui l'a rejeté trois fois.)
Quant à ses opinions, Carrey déteste Trump et aime bien Obama, certes, mais c'est anecdotique dans son activité artistique, puisqu'il s'est toujours appliqué à caricaturer tout le monde. On le voit se foutre de la gueule de Bill Clinton dans le docu, mais les auteurs n'ont pas montré son interprétation de Joe Biden en vieux fossile au Saturday Night Live. Quand on se renseigne honnêtement sur l'individu, on sait que grosso modo, Carrey s'en branle de la politique. Ce n'est pas son sujet.
Certaines errances de lycéen littéraire moyen débouchent sur des ponts pas cons entre ses films, notamment la thématique de la télévision, de la célébrité et du masque social... Mais on reste en surface au lieu de creuser, alors qu'il est de notoriété publique que ce sont plutôt ces sujets qui l'intéressent.
Seulement le documentaire Jim & Andy fait déjà amplement le taf, alors que faire ? Récupérer toutes les archives déjà vues et revues mille fois relier le tout dans un tricot d'analyses faiblardes pour chier un 52 minutes sur Arte.
Ce n'est pas tant la faiblesse du documentaire qui est pénible car c'est fait correctement et ça se regarde comme on mange un Big Mac ou comme on regarde une vidéo de Squeezie. C'est cette obsession de politiser toutes les icônes de la pop culture qu'on aime tous et les transformer en crypto-SJW qui est casse-couille.
Une fois n'est pas coutume, strictement rien sur sa technique de jeu fantastique et unique. On en reste au reductio ad grimacum de la profondeur d'un article de Mickey Parade. Ce serait bien d'avoir un jour des gens sérieux qui nous sortent un bon documentaire sur la question.