JOBS : LE RETOUR DU ROI (critique de l'affiche)

Un visage en gros plan, un acteur, un nom ; c’est la structure de base commune à la plupart des affiches de films biographiques (voir les visuels ici http://www.lecritiquedepub.com/jobs-le-retour-du-roi/). Pour les détails il y a plusieurs écoles.

Le visage par exemple : au choix, de face droit-dans-les yeux-jurez-vous-de-dire-toute-la-vérité-rien-que-la-vérité (Social Network, The Queen ou Malcom X), de profil tête-baissée-pensif-la-vie-est-dure (Lincoln, Gandhi) ou pour les plus audacieux de dos la-coupe-de-cheveux-parlera-d’elle-même (Cloclo, Sagan).
Pour le titre, option juste le prénom pour les noms de famille trop communs (Ray) ou nom de famille uniquement (Gainsbourg) selon ce qui parlera le mieux aux spectateurs.

A chaque fois, le ressort principal est la ressemblance de l’acteur avec la personne qu’elle incarne, exception faite pour les personnalités dont le visage n’est pas connu du grand public (J.Edgar dont la ressemblance avec Leonardo Dicaprio n’est pas flagrante) ou les personnages historiques trop anciens pour qu’ils aient leur représentation photographique (Marie-Antoinette par exemple) .
AshtonIci rien à dire, Ashton Kutcher est particulièrement bien grimé et incarne un Steve Jobs plus vrai que nature. Les attributs sont là (petites lunettes rondes, barbe courte) et l’image est parlante pour toute une génération : celle qui attend avec impatience les conférences de presse d’Apple et campe devant les boutiques à la sortie de nouveaux produits.

Et c’est bien là le public visé, quitte à perdre en route ceux qui ne connaissent pas le PDG star ou qui ne le reconnaitront pas faute d’éléments plus évocateurs. En effet, aucune référence à la marque et aucun prénom non plus (alors que “Steve” seulement aurait peut-être été plus évocateur que “Jobs”, mais bon ça se discute).
Pour compliquer encore un peu les choses, le visage est présenté entièrement Warholisé. Hommage à l’une des références de Jobs ; les deux hommes se sont d’ailleurs rencontrés (le peintre le raconte lui-même dans son journal).

Ce qui est intéressant dans le choix de ce traitement graphique, c’est qu’alors qu’il est utilisé pour illustrer la notoriété du personnage (Steve Jobs est tellement connu qu’il pourrait avoir son portrait par Andy Warhol), il participe aussi lui-même pleinement à son icônisation (si Steve Jobs a son portrait par Andy Warhol, c’est donc bien qu’il est une icône incontournable, c’en est même la preuve ultime).
MarylinCar même si dans ce cas l’oeuvre est une création artificielle spécialement conçue pour le film, grâce à cette affiche l’image restera gravée à coup sur dans l’esprit du grand public et Steve Jobs rejoindra pour l’éternité la liste très fermée des personnalités “croquées” par le peintre (au coté de Michael Jackson en couverture du Times, de l’incontournable Marylin ou du plus controversé Mao).
Une supercherie artistique qui illustre le principal défaut de cette campagne (selon moi) : la volonté excessive de nous présenter le personnage comme un saint. On a presque l’impression qu’il s’agit d’un plaidoyer pour nous convaincre (on ne sait pas bien de quoi d’ailleurs).

On continue dans la surenchère avec les trois adjectifs choisis pour définir le personnage : Pionnier, Rebelle, Visionnaire. Là, on penche nettement vers l’hagiographie. Impression renforcée même dans l’accroche puisque le terme “icône” y est lâché (terme qui se rapporte d’ailleurs à la fois au vocabulaire religieux et à celui de l’informatique, le jeu de mot est-il volontaire ?).

Classique dans sa composition mais originale dans son traitement, l’affiche sert fortement le propos qu’elle semble vouloir nous asséner. La forme est réussie, le fond plus discutable.
D’ailleurs si l’on en croit son associé et ami Steve Wozniak, il semble bien que le principal intéressé ne l’aurait pas vraiment appréciée.
Ma note : 3/5
LEcritiquedepub
6
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le 12 sept. 2013

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