On nous prend pour des poires… ou des pommes !
N'ayant pas lu l'autobiographie de Jobs, je ne serais peut-être pas dans l'expertise très pointue de la situation néanmoins ce film ne fait que survoler la vie d'un homme qui aurait mérité plus que cette pâle caricature…
Je commencerai par le seul point positif (et pourtant je n'étais franchement pas convaincu à l'annonce) : le casting ! Les personnages sont ressemblants aussi bien physiquement qu'au niveau du charisme (même si la démarche de Jobs est trop exagérée quand il prend de l'âge). Ashton est plutôt surprenant dans ce rôle et on y adhère plutôt bien au final… Mais voilà, c'est derrière qu'on prend une véritable claque !
Le scénario pro-Jobs nous le faisant passer plus comme un Dieu qu'un visionnaire donne envie de s'arracher les cheveux. Et pourtant on pourrait pas me considéré comme un anti-Apple vu que je suis plutôt bien équipé de ce côté depuis des années… C'est surtout une grosse déception de voir un film se focaliser autant sur un seul personnage (quoique cela pourrait sembler logique) et en faire l'apologie ! Jobs lui-même a eu assez de recul pour reconnaître qu'il avait connu de nombreuses erreurs avant de devoir quitter Apple. Or là, on est surtout dans une histoire où il ne reconnait aucun de ses torts et son retour en héros donne l'envie de vomir… Comme si Apple n'avait rien été pour lui et que finalement il arrive, avec un air très hautain, sauver par bonté une firme qui l'avait rejeté. A cause d'un tel parti pris, on a l'impression décevante de ne voir que le dessus de l'iceberg et qu'on loupe l'essentiel.
Autre grief que nous pourrions faire mais c'était prévisible, c'est qu'il est techniquement impossible de résumer la vie de Jobs (et d'Apple) en un film de 2h sans finalement faire d'énormes raccourcis… Dommage de ne pas avoir évoquer un peu plus Microsoft dans la vie d'Apple. Mais ce n'est qu'un exemple parmi d'autres. Le fait de s'arrêter à l'iPod (enfin finalement c'est le début du film) est aussi dommage car au final, il aurait été intéressant de réellement abordé le retour de Jobs à la tête d'Apple de manière plus approfondie. On ne se borne dans les films qu'à évoquer la naissance et la chute d'Apple pour évoquer la renaissance récente de la firme. Malheureusement on oublie que Jobs a évolué entre ces deux phases… A son retour, il n'était plus le même et cet aspect n'a seulement été montré par un trou de souris. Trop de trous dans une histoire riche et qui aurait demandé beaucoup plus de travail…
Bref, je pourrais m'étendre sur des paragraphes pour évoquer tout les points où j'ai été déçu. Ce que j'ai eu l'impression de voir c'est que la vie de Jobs (enfin les morceaux évoqués dans le film) est passée à la moulinette hollywoodienne pour nous vendre encore quelque chose de fabuleux… Or, ce qu'on peut savoir sur Jobs dépasse largement cette vision trop étroite de cette caméra. Sa vie, beaucoup trop romancée dans le film, est dépossédée de son essence et de ce qu'il dégage. Aussi bien mystique que tyrannique, Jobs venait d'une autre planète avec ses qualités comme avec ses défauts. Mais le film n'arrive pas à retranscrire cela. L'inspiration qu'il a pu dégager (et qu'il continue d'incarne même après sa mort) et cette volonté de vouloir finalement être différent ne semblent pas venir toucher le spectateur. Pourtant, c'était l'essentiel de ce que Steve Jobs était… Et on ne le sent pas dans ce film. La scène avec Johnatan Ive semble anecdotique alors qu'elle aurait dû, selon moi, être une des scènes les plus fortes du film.