Jodie Foster : Hollywood dans la peau par Christine Deschamps

Quand on prend le temps de regarder ces documentaires sur les actrices qui ont fait l'histoire du cinéma, celles de cette génération-là, en tout cas, on tombe forcément de sa chaise, en réalisant comme on arrive de loin, car les histoires de succès au féminin dégagent quasiment toutes un étrange petit relent fétide. Pourtant, Jodie Foster pourrait passer pour un modèle d'indépendance et d'émancipation. En tout cas, c'est comme ça qu'elle était présentée : une gamine futée, éduquée, qui s'est joué des pièges d'Hollywood avec naturel et ruse à la fois, pour affirmer son unicité flamboyante. Oui, mais il faut regarder de plus près ce parcours apparemment exemplaire. D'abord, cette petite si maligne a été sexualisée à l'extrême dès ses 12 ans, et ça, ça devrait poser problème. Sauf qu'à l'époque, on s'est contenté de louer sa force de caractère, sans trop chercher à voir derrière la bravache quelles marques allaient s'imprimer durablement dans ce petit être encore malléable. Le documentaire ne parle pas de séances de psychanalyse, mais on devine qu'elles n'auraient pas été superflues après certains tournages à haut risque. Sauf que la petite avait de l'aplomb et savait affirmer, les yeux dans les yeux, qu'elle dominait le jeu de la tête et des épaules et qu'elle ne faisait que s'amuser. Moui moui moui, j'te croirai ben. Le reste de sa filmographie d'ailleurs est une sorte de catalogue rageur d'une femme qui se serait sentie humiliée et qui aurait passé sa vie à vouloir rattraper le coup en assumant des rôles de victimes vengeresses, à la limite de la psychopathie. Je me souviens de critiques qui parlaient de dérapages extrême-droitisants, voire cowboyesques, quand ces personnages piétinés par le machisme ravageur ambiant prenaient les armes et dégommaient tout ce qui pouvait ressembler à un agresseur. S'il s'agit de catharsis, peut-on parler de conservatisme pro-NRA ? En tout cas, tout cet aplomb, tout ce lustre qu'on a pu voir en interview pendant plus de 40 ans laissent le sentiment d'une grande mystification. Elle aurait bien de la chance d'être aussi équilibrée qu'elle le prétend après tout ce qu'on lui a fait subir, la Jodie. Il n'est pas si difficile de deviner le prix qu'elle a dû payer pour mériter sa place au soleil et préserver sa sphère privée. Franchement, elle n'a guère l'air plus à envier qu'une Judith Godrèche, malgré des apparences tapageuses.

Créée

le 13 févr. 2024

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