C'est l'histoire d'un film qui n'a jamais vu le jour. L'histoire d'un film qui aurait forcément été génial, parce que Jodorowsky est un génie, c'est dit dans le documentaire. L'histoire d'un film fantasmé par de nombreux fans de SF, parce que ce film aurait forcément été une réussite, contrairement au film de Lynch qui lui est mauvais. L'histoire d'une utopie qui n'a jamais vu le jour, la faute aux grands méchants producteurs Américains. L'histoire du fantasque Alejandro Jodorowsky, mystificateur, charmeur, touche à tout pas si talentueux, qui s'est vu beaucoup trop grand.
Le documentaire aurait pu être excellent, parce que le sujet est intéressant, parce que le projet a réuni un paquet de gens talentueux, parce qu'on y voit les magnifiques illustrations du storyboard de Moebius et les travaux de Giger. Le problème c'est qu'on tourne rapidement en rond avec Jodorowsky et Seydoux qui refont l'histoire et s'envoient des fleurs pendant 1h30 pour dire à quel point ils étaient géniaux, à quel point leur film aurait été génial et que les autres n'ont rien compris.
Le projet avait de (trop) grandes ambitions, notamment au niveau de son casting. Il faut dire que Jodo avait promis beaucoup de choses à beaucoup de monde, de Dalì à Orson Welles, en passant par Mick Jagger. Et selon ses dires avait même hurlé sur les membres Pink Floyd (le plus grand groupe de l'époque, rien que ça) pour les convaincre de participer à son projet. Bien évidemment ni Jagger, ni Gilmour ne viendront témoigner dans le documentaire, mais rassurez-vous, Amanda Lear est bien là.
Jodo nous décrit sa vision : un film de 10H, qui "violerait le livre" selon ses termes, le tout avec son propre mioche comme acteur principal. Des propos qui deviennent presque comiques quand Jodo et Michel blâment les méchants producteurs qui ont fait capoter le film. Bref, ce bon vieux Jodo a beau marteler qu'il est génial, qu'il a tout inventé (son tour de force aura surtout été de réunir de vrais talents comme Moebius, Giger et O'Bannon) se donner le rôle du loser magnifique broyé par l'impitoyable grosse machine Hollywoodienne, au final je vois juste un bonimenteur tenter de réécrire l'histoire à sa sauce.
Rien que pour les images du storyboard de Moebius, le documentaire vaut le détour pour un fan de SF. Après avoir vu ce documentaire j'ai surtout une pensée en tête : heureusement que ce film n'a jamais été tourné.