Très vite comparé à "Mud", film avec lequel il partage quelques points communs à commencer par le le jeune acteur Tye Sheridan et des décors naturels du Sud des Etats-Unis magnifiques, Joe est malgré tout un film assez différent dans la manière de traiter l’histoire, dans la manière de montrer ces paumés, ces rednecks, ces bouseux du Mississippi vivant dans des taudis et passant leurs journée dans le désœuvrement. Alors que Jeff Nichols proposait une vision plutôt métaphysique, presque poétique par moment avec beaucoup de mystère, voire de romantisme, le réalisateur David Gordon Green lui choisit un point de vue nettement plus naturaliste et plus radical.
En adaptant le roman éponyme du regretté Larry Brown, il présente une version très sombre de la nature humaine, où le déterminisme social ne se laisse pas vraiment de place à l’espoir et à la réussite. Loin du rêve américain, le film montre une Amérique de la marge, nous invitant dans ces zones campagnardes reculées où la beauté des paysages contraste terriblement avec la misère humaine qui y règne.
Violence, alcoolisme, méchanceté, déprime, saleté, David Gordon Green ne nous épargne rien et nous dresse un tableau peu reluisant de ce coin là de l’Amérique où l’on peut tuer pour une bouteille de vin, où l’on peut rosser son fils pour lui voler quelques dollars.
Pourtant, malgré son côté misérabiliste, le film ne tombe jamais dans la démonstration facile ni dans l’apitoiement, mais propose une somme de portraits brut de décoffrage de personnages pour la plupart attachants, un comme c’était le cas dans l’excellent "Winter's Bone" sorti en 2011, préférant s’appuyer sur une solide mise en scène pour nous raconter le parcours de Joe, cet homme cabossé interprété assez un Nicolas Cage plutôt sobre dans un western moderne, un drame social captivant de bout en bout.
BenoitRichard
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à ses listes Au cinéma en 2014 et Top FILMS 2014

Créée

le 9 mai 2014

Critique lue 293 fois

2 j'aime

Ben Ric

Écrit par

Critique lue 293 fois

2

D'autres avis sur Joe

Joe
Torpenn
3

Le cabot teint

J’ai toujours gardé une grande tendresse pour Nicolas Cage, enfin, le mien, celui des années quatre-vingt, le jeune gosse un peu barré qui enquillait les films originaux sans être sûr de pouvoir...

le 14 mai 2014

47 j'aime

18

Joe
guyness
5

Redneck rédemption

On ne reviendra jamais assez sur la force d’un apriori. N’attendez rien d’un film et il pourra vous enchanter pour simplement avoir su éviter quelques évidents écueils. Placez-en lui de forts espoirs...

le 27 juil. 2014

36 j'aime

8

Joe
Before-Sunrise
6

Tye hait

Joe est un film à l’image de son héros : borderline. Il oscille entre objet classique ennuyeux et scènes claque-dans-ta-gueule. Malheureusement, l’impression globale en sortant de la salle de ciné...

le 6 mai 2014

27 j'aime

5

Du même critique

Le Mans 66
BenoitRichard
5

Critique de Le Mans 66 par Ben Ric

Déçu par Le Mans 66, film dans lequel je n'ai vu qu-une banale histoire de rivalité, pleine de testostérone, de vroum vroum et de "c’est qui meilleur" ? Certes les voitures sont belles, la...

le 16 nov. 2019

26 j'aime

1

Antoinette dans les Cévennes
BenoitRichard
5

décevant

Difficile pour moi de comprendre la quasi unanimité critique autour du film de la réalisatrice Carole Vignal dans lequel on suit une femme partie randonner dans les Cévennes sur les traces de son...

le 20 sept. 2020

24 j'aime

2

Deux moi
BenoitRichard
4

Critique de Deux moi par Ben Ric

Retour à Paris pour Klapish qui propose un film (en gros) sur le thème de la solitude des grandes villes et de l’impact du numérique sur nos relations humaines. Sans doute un film intéressant pour...

le 15 sept. 2019

22 j'aime