C'est toujours quand vous êtes mort qu'on vous couvre de louanges...
Et qu'on dit de vous que vous étiez le meilleur.
C'est un peu la morale de cette saga de Joe, ce chanteur à la voix inimitable chaude et sensuelle, un peu comparable à celle de Ray Charles : d'ailleurs, loin de se jalouser, les deux chanteuurs s'appréciaient. Loe était aussi un des rares à pouvoir ré-interprêter les chansons des autres...
Son grave défaut (une qualité ?), c'était d'entrer en transes une fois sur scène, de ne plus être lui-même après avoir ingurgité quantités impressionnantes d'alcool ou autres saloperies.
Un des nombreux commentateurs éclairés de ce film témoigne : si en entrant sur scène, un spectateur lui tendait un cachet, il le prenait sans savoir ce que c'était et l'avalait. Tellement "chargé" parfois que lors de certains de ses spectacles, il était incapable de chanter : il s'asseyait alors sur la scène et regardait son public, un public auquel pourtant il se donnait tellement qu'il ne lui en voulait même pas...
Evidemment, il drainait autour de lui un tas de groupies parasites, ce qui ne l'aidait pas dans l'intempérance... Etre son manager relevait du sacerdoce, non d'un job puisqu'il fallait le materner en permanence : lorsque l'un d'eux pénétrait dans sa chambre à l'hôtel lors des tournées, il appréhendait toujours avec angoisse ce qu'il allait découvrir.
En coulisses, c'était aussi le bagne : il apparaissait furtivement entre deux chansons, vomissait dans le seau qu'on lui tendait,, et repartait avec une bouteille... Et quand on l'exhortait à consulter les "alcooliques anonymes" ou un spécialiste en médecine, souriant il affirmait : "pas besoin, je contrôle"
..Pourtant, il était capable de rompre brutalement, avec quelqu'un sans raison apparente : c'est ainsi qu'un de ses managers qui l'avait aidé à se remetttre en selle, reçut d'un avocat sa lettre de licenciement. Il se demande toujours pourquoi et eut préféré que ce soit Joe qui le lui signifie...Le tandem ne s'est jamais plus adressé la parole. Ce qui ne l'empêchait pas d'être considéré de l'avis unanime comme un gentil garçon, même du manager éconduit. Il avait vécu avec lui une vie et collaboration ayant dépassé le cadre du simple métier !
Sa mort eut été plus précoce s'il n'avait bénéficié de trèves permettant au corps de se régénérer... Comme quand il a épousé sa "vieille dame", Pam, qui n'aimait pas qu'il l'appelât ainsi. Le couple s'était installé dans le Colorado qu'il affectionnait particulièrement car il pouvait y marcher des heures avec ses chiens sans rencontrer âme qui vive. Et dans le village entouré de montagnes, il était considéré par les habitants comme un résident comme les autres que ce soit les commmerçants, le petit avocat local et non commme une bête curieuse de rock-star..Le couple vivaiit alors en commun par intermittence, au gré des tournées de Joe, ou quand il venait se ressourcer ou préparer un spectacle.
Pam confesse que néanmoins, devant la progression constante de son addiction, il lui est arrivé de lui signifier un ultimatum : ou il cessait de picoler, ou elle le quittait. Il avait alors cessé de boire avec une apparente facilité déconcertante : elle lui en voulut de ne oas l'avoir fait plutôt.
Peut -être la raison de sa relative longévité de vie par rapport à d'autres : il est décédé à 70 ans d'un cancer au terme d'une tournée harassante en Allemagne, pays qu'il affectionnait....
Un document superbe, étonamment documenté et avec de nombreux témoignages...
Tipik (RTBF) le 18.07.2021
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