Évidemment, la Conquête de l'Ouest tient presque davantage du mythe que de la réalité historique, et le cinéma hollywoodien y est pour beaucoup. Il suffit pour s'en persuader de voir la toute première séquence de ce film, consacrée à Monument Valley, ce décor de tant de westerns qu'on pourrait peindre les yeux fermés, comme la skyline de New York des années 70. Eh bien, figurez-vous qu'aucun chariot de pionniers n'y est jamais passé. Ça n'était pas sur leur route. C'est juste parce que John Ford a eu le coup de foudre pour l'endroit que les deux images se sont si durablement superposées. Une bonne piqûre de rappel qui devrait nous inciter à regarder à la loupe nos clichés et ne jamais oublier quel rôle primordial l'expression artistique peut jouer dans la construction de notre paysage mental. Pour le reste, la vie de John Ford présente certes de l'intérêt, mais s'avère curieusement bien plus fade que ses films, en dehors de ses 4 ans dans l'armée pendant la guerre, que le documentaire survole prestement. Le reste du temps, il faisait des films, picolait et envoyait vertement balader les journalistes qui étaient à la peine pour tirer le moindre propos intéressant de lui. Il faut dire que le maccarthysme n'aidait pas vraiment à s'adonner aux confidences débridées, surtout quand on avait une sensibilité de gauche (on ne peut même plus employer libéral sans se prendre un big mac dans la tronche, nous vivons une époque dramatique). Bref, un documentaire pas franchement inutile mais pas grisant non plus.