On ne l’avait pas vu dans un rôle marquant depuis le dernier Matrix. Enchainant les échecs commerciaux à partir de l’année 2000, l’acteur Keanu Reeves fait enfin son grand retour en 2014 avec John Wick, première réalisation de Chad Stahelski (ancien cascadeur spécialiste du kickboxing et coordinateur des cascades sur la trilogie Matrix), et David Leitch (ancien cascadeur et réalisateur de seconde équipe), racontant l’histoire d’un ex tueur à gages reprenant du service après qu’on est tué son chien offert par sa femme décédée. Vous avez aimé Taken, Equalizer, Jack Reacher ? Alors John Wick ne vous laissera pas indifférent…
Avant, il était souriant…c’était avant…
En lisant le synopsis, c’est flagrant : on ne peut s’empêcher de voir le parallèle entre la vie de John Wick et la vie de Keanu Reeves qui, en 2001, perdit sa petite amie dans un accident de voiture. Cette perte, l’acteur a mit des années à la surmonter. Même encore maintenant on ne le sent pas guéri. Ce qui lui a valut le surnom moqueur de Sad Keanu. Du coup, pour jouer de manière authentique et touchante ce rôle de veuf accablé par le chagrin suite à la mort de la femme de sa vie, il n’y avait que Keanu pour le faire.
Lors du début de notre film, en faisant la connaissance de cet ancien tueur à gages repenti, on éprouve une profonde tristesse pour lui. Il n’arrive pas à remonter la pente et, au moment où il parvient à retrouver un peu de bonheur avec Daisy, ce chiot femelle offert par sa femme, voila qu’on assassine ce petit être inoffensif sous ses yeux. Ce chien lui avait permis de ne pas être seul pour faire le deuil de sa femme et on lui a enlevé.
Là, l’ancien tueur implacable ressurgi. Il est temps de ressortir les armes, reprendre du service, entrer en guerre contre la mafia Russe. Partant de là, John Wick met de coté le drame pour se transformer en film d’action défouloir, bourré de second degré mais avec toujours cette petite touche de sérieux l’empêchant de virer à la comédie noire et perdre en crédibilité. Attention, il va pleuvoir des morts…
« Il parait que tu as cogné mon fils ? Oui monsieur c’est vrai. Je
peux savoir pourquoi ? Bien sûr, parce qu’il a volé la voiture de John
Wick monsieur et…qu’il a tué son chien. Oh… »
Craignez son nom
Les séquences d’action dans John Wick sont nombreuses, esthétiquement soignées, chorégraphiées au millimètre près, déversant de l’hémoglobine, tout en voyant son héros s’essouffler, hurler de rage. Un nouveau genre de style de combat apparait : le gun-fu, parfait équilibre entre les fusillades et les arts martiaux. Coté ambiance et esthétisme, notre film s’apparente à ce que l’on pouvait voir dans les années 60/70, voir dans les films Hongkongais des années 90, MAIS, sans effets de ralentis cette fois. Les réalisateurs ont voulu revenir à ce style et ça marche.
Chorégraphies nerveuses, avec John Wick, toute l’action se fait tout en vitesse et en énergie. Chaque lieu menant à une scène d’action est bien choisit. Un peu comme pour les films de Jackie Chan, John Wick se sert des espaces larges ou non pour des mouvements gracieux, rapides et brutaux, jouant sur le tempo. Un pas je désarme l’adversaire, je tire, un pas sur le coté, je me retourne, je tire sur un autre, un autre pas, je frappe, et ainsi de suite. Voila comment fonctionne les scènes d’action dans John Wick. Keanu Reeves, âgé de 50 ans passés, n’a rien perdu de ses capacités athlétiques, réalisant toutes ses cascades, sans doublures. La différence entre lui et les autres nouveaux héros de films d’action : le style. On n’avait pas vu un mec se battre en costard depuis Le transporteur. John Wick, quoiqu’il fasse, il ne le quitte jamais son costume noir et sa chemise blanche. Mais quand il y a un accroc, ou une éclaboussure de sang, là il faut le remplacer. Parce que oui, John Wick il a beau être pro dans ce qu’il fait, il va en prendre plein la tronche. Alors en gros John Wick c’est du film d’action bourrin sans scénario ?
« Les gens n’arrêtent pas de me demander si je suis de retour et je
n’avais pas de réponse à leur donner. Maintenant je sais : je crois
bien que je suis de retour ».
John Wick et son monde parallèle caché
Sur le papier, ça en a tout l’air, le scénario tenant sur un timbre poste comme bons nombres de films du genre. Et pourtant, lors du visionnage, à mesure où nous avançons dans l’histoire, c’est une intrigue bien plus complexe qu’elle n’y parait qui se dévoile. Il n’y a pas que de l’action, il y a aussi de la tragédie, et un monde parallèle caché. Un univers créé autour de John Wick, un univers que les autres humains ne connaissent pas, un univers où hommes et femmes agissent dans l’ombre. Une société secrète d’assassins dont le siège se situe dans un hôtel Continental.
Là bas, vous êtes accueilli par un concierge à la fois élégant et aimable pouvant vous offrir pendant votre séjour professionnel des prestations plutôt originales : un chirurgien disponible 24h/24 qui recoud tous vos bobos sans poser la moindre question, un service de nettoyage (doit y avoir du boulot !), une équipe de nettoyeurs récupérant les corps que vous semés pendant vos missions, et la possibilité d’avoir un véhicule de remplacement si le votre a été abimé lors d’une fusillade ou course poursuite. Evidemment, ces prestations, le séjour court ou long à l’hôtel ont un coup. Seulement, on ne paye pas avec des billets. Les assassins gagnent pour chaque contrat des pièces d’or spécialement adaptées au club. Club possédant par ailleurs un code d’honneur : On n’exécute pas de contrat dans l’enceinte de l’hôtel. La direction n’apprécie pas du tout ce genre de comportement.
Au final, John Wick Chapitre 1 est un film d’action taillé sur mesure pour les fans d’action pure. Scènes d’action féroces et bien fichues, un compteur de morts à son plus haut niveau, de la Ford Mustang, un mélange drame et second degré appréciable, des répliques savoureuses, une histoire de vengeance et de justice efficace, une bande son plaisante, un esthétisme stylé, le tout, servi par un Keanu Reeves bad ass et touchant, accompagné d’un riche casting d’acteurs impliqués émotionnellement, prouvant qu’on est bien loin du vulgaire vigilante movie. Du pur spectacle jouissif, élégant et cool. UN INCONTOURNABLE.