La résurrection de Keanu Reeves dans un action movie sans prétention

Keanu Reeves reviendra-t-il un jour sur le devant de la scène ? C’est une question à laquelle nous aimerions avoir une réponse positive. Surtout après les cuisants échecs qu’a essuyé l’ex-star de Speed et de la trilogie Matrix depuis Constantine : le remake à gros budget Le jour où la Terre s’arrêta, Le Seigneur des Anneaux version nippone intitulé 47 Ronin, et sa première réalisation passée inaperçue Man of Tai Chi. Bref, autant dire que nous étions prêt à enterrer sa gloire d’antan à jamais. Et puis, sorti de nulle part, voici John Wick (rien à voir avec l’écrivain et créateur de jeux de rôle) ! Un polar d’action à l’ancienne, sentant bon les 80’s, qui arrive enfin à remettre le comédien sur un piédestal.

Autant prévenir les gros cinéphiles qui ne vivent que pour l’originalité, le visuel ou encore le côté artistique du cinéma, John Wick n’est pas fait pour vous. Il s’agit-là d’un film d’action pur et dur, où l’on suit un personnage principal qui ne pense qu’à mettre une branlée à ses adversaires par vengeance. Ni plus ni moins ! Surtout qu’ici, le protagoniste en question commence sa mortelle quête après le vol de sa Mustang et le meurtre de son chiot que lui avait donné sa femme avant de mourir. Deux prétextes un peu bidons (quoique que pour le chien, c’est compréhensible) qui expliquent pourquoi notre héros s’en prend à la mafia – comme par hasard, russe ! – en éliminant chaque membre un par un, dans des fusillades et des corps-à-corps souvent démesurés (notre héros tuant une multitude de mecs sans avoir une seule égratignure sur le coup, jusqu’à affronter un ennemi plus coriace). Mais en même temps, c’est de là que vient le charme de ces action movies !

Un scénario qui ne passe pas par quatre chemins, nous proposant un héros tout ce qu’il y a de plus badass, comme l’avait fait Taken. Un personnage qu’il ne fallait tout bonnement pas embêter au risque de se voir retrouver avec une balle dans la tête sans n’avoir rien demandé. Que l’on présente comme une sorte de machine à tuer dont on ne peut stopper la progression (même une blessure grave à l’abdomen n’y parvient pas !), à tel point qu’il fait peur même au plus puissant des antagonistes (voir le parrain s’inquiéter de John Wick a quelque chose de jouissif). Qui fait ce qu’il a à faire sans perdre de temps avec une amourette à deux balles (le script aurait très bien pu lui donner une nouvelle femme à aimer) ou de la psychologie ici dispensable. Si vous allez voir John Wick, c’est pour assister à de l’action, rien de plus. Et honnêtement, vous serez bien servis !

D’autant plus que les comédiens choisis s’en sortent plutôt bien : Michael Nyqvist (le Mikael Blomkvist de la trilogie suédoise Millénium), Willem Dafoe, Adrianne Palicki, Ian McShane… Et même si Keanu Reeves n’a jamais vraiment brillé côté interprétation, jouant toujours la carte de l’indifférence et du manque d’expressions outre que la colère, il retrouve ici son charisme. Joué les durs à cuire n’ayant plus rien à perdre lui va à ravir, permettant aux spectateurs de s’attacher à lui assez facilement. Offrant à son personnage une classe folle nécessaire pour ce genre de divertissement. Une aura qui lui est rendue notamment par le biais d’une mise en scène très efficace dans les moments d’action (qui emprunte souvent au style de la bande-dessinée, surtout pour les sous-titres) et qui l’iconise au plus haut point (gros plans, ralentis, silhouette, jeux de lumière…).

Après, même avec ce genre d’entertainment, nous pouvons toujours rester quelque peu sur notre faim, les clichés et le manque d’originalité reprenant parfois le pas sur l’efficacité de l’ensemble. Ainsi, vous serez un peu déçus de revoir l’éternel enterrement ou l’inévitable duel final se passant sous une pluie battante. D’assister aux mêmes retournements de situation que nous voyons depuis les années 80, avec les films de Sylvester Stallone et consorts. De savoir ce qui va se passer à l’avance alors que, pourtant, nous avons affaire à un film qui doit se laisser suivre, qui nous demande de mettre notre cerveau sur off. Des défauts ici et là qui créent un sentiment de monotonie dans l’ensemble, la sensation que le film aurait très bien pu être moins long alors qu’il dure tout de même 1h41.

Cela n’enlève en rien qu’il a fallu un long-métrage inattendu pour revoir revenir notre cher Keanu Reeves des bas-fonds de la célébrité passée. Un début de résurrection fort prometteur, auquel il ne manque plus qu’un succès commercial pour le remettre sur la sellette comme aurait dû le faire 47 Ronin cette année avant de se ramasser avec de mauvaises critiques et un score au box-office lamentable. En espérant juste que Reeves ne devienne pas le nouveau Jason Statham et continue à avoir différents projets plutôt que de s’attarder sur un seul genre de divertissement.

Créée

le 15 nov. 2014

Critique lue 541 fois

4 j'aime

Critique lue 541 fois

4

D'autres avis sur John Wick

John Wick
Sergent_Pepper
6

Les arcanes du blockbuster, chapitre 15

Sur la table en acajou, la coupe de fruit est vide. - Bon, les gars, le chef est pas là, et tant mieux pour nous. Sa femme l’a plaqué, il est dans un état pas possible, vaut mieux qu’on bosse entre...

le 5 févr. 2015

179 j'aime

24

John Wick
blig
5

Qu'est ce que t'as Schlingue? Tu veux encore qu'on te la coupe?

- Pourquooooii? Pourquooiii? Un chien si petit, si mignon... "Booumm Booummm, PAAAAff! Ouuuuntcchhaa dans ta face, Pan Pan Pan! Tacatacatacta!" - Cinq morts. Lave moi ça Freddy, t'es...

Par

le 29 oct. 2014

89 j'aime

17

Du même critique

Batman v Superman : L'Aube de la Justice
sebastiendecocq
8

Un coup dans l'eau pour la future Justice League

L’un des films (si ce n’est pas LE film) les plus attendus de l’année. Le blockbuster autour duquel il y a eu depuis plusieurs mois un engouement si énormissime que l’on n’arrêtait pas d’en entendre...

le 28 mars 2016

33 j'aime

1

Passengers
sebastiendecocq
5

Une rafraîchissante romance spatiale qui part à la dérive

Pour son premier long-métrage en langue anglophone (Imitation Game), Morten Tyldum était entré par la grande porte. Et pour cause, le cinéaste norvégien a su se faire remarquer par les studios...

le 29 déc. 2016

29 j'aime

La Fille du train
sebastiendecocq
4

Un sous-Gone Girl, faiblard et tape-à-l'oeil

L’adaptation du best-seller de Paula Hawkins, La fille du train, joue de malchance. En effet, le film sort en même temps qu’Inferno (à quelques jours d’intervalles), un « Da Vinci Code 3 » qui attire...

le 28 oct. 2016

28 j'aime

4