L'annonce, peu surprenante au demeurant, d'un quatrième volet du succès surprise que constituait John Wick en 2014, était aussi enthousiasmante qu'inquiétante.
Car si la série représente l'un des sommets du film d'action moderne, l'allongement de la sauce, aussi goûtue soit-elle, menaçait de finir par lasser.
Tandis que la durée affichée de presque trois heures de l'entreprise laissait envisager une overdose dommageable.
Sauf que non. Au contraire même. Car si John Wick Chapitre 4 a aujourd'hui tendance à s'auto-référencer, il constitue un véritable best of de la saga affranchi de toute idée de mesure ou encore de se contenir.
Et on se prend, presque dix ans après le premier opus, à jubiler comme si c'était la première fois que Keanu endossait son plus beau costard. A avoir mal de la puissance des coups portés ou devant la violence des corps s'écrasant lourdement au sol, sur des voitures ou le mobilier urbain. A battre la mesure de la musique de Tyler Bates ou des vibes tout aussi électro que démoniaques de Le Castle Vania.
Car tout cela marque l'identité de la saga John Wick, tout comme ses néons chatoyants et ses jeux d'ombres dessinant à l'occasion de sacréments jolis images, son découpage toujours lisible dans chacune de ses scènes d'action, son renouvellement du cadre des affrontements et son inventivité dans la distribution du bourre-pif. Il n'y a à qu'à voir cette incroyable corrida routière autour du rond-point de l'Arc de Triomphe pour s'en convaincre.
Paris vaut bien une balle dans la tête, donc, tout comme Osaka et Berlin, laissant plus que jamais la saga John Wick en mode globe-trotter pour représenter un monde de mafia et de familles tentaculaire aussi menaçant qu'irréel, comme vidé de ses citoyens lambda et privatisé intégralement par le crime organisé.
Un monde à nouveau peuplé de nouveaux seconds couteaux hauts en couleurs et absolument tous réjouissants et convaincants, à l'instar d'un Donnie Yen évoluant entre la figure bien connue du masseur aveugle et le rôle qu'il tenait dans le très réussi Rogue One.
Et alors que l'on était en droit d'attendre un final en forme de baston terminale, Chad Stahelski choisit, après une montée des marches en forme de chemin de croix au accents furieusement cartoon, de faire déboucher l'entreprise d'éradication menée par John Wick sur un duel sobre renvoyant immédiatement à toutes les conventions et le cérémonial du western. Dans un cérémonial et une mélancolie rejoignant l'atmosphère du premier film, qui faisait comprendre que toute rédemption était impossible dans le monde du Babayaga.
Ainsi, plus qu'un ballet, John Wick Chapitre 4 s'impose comme un véritable opéra de violence terminale, comme Le Parrain du film d'action, tant l'énergie déployée éclabousse l'écran, tant sa générosité réjouit et fait chaud au cœur.
Le masqué s'emballe encore une fois, pensez-vous certainement. Mais putain, qu'est ce que c'est bon de voir une telle apothéose sur grand écran !
Behind_the_Mask, un homme en noir devant être repeint en rouge.